Existerait-il un championnat de France officieux de la romcom la plus flinguée?Combien Sophie Marceau a-t-elle tourné de ces horreurs?En tout cas Lisa Azuelos s'est placée en pôle position du genre avec "Une rencontre".Cet empilage de clichés éculés livré en vrac a de quoi rebuter les plus ferventes lectrices de la collection Harlequin et déshonore notablement ceux qui y ont participé,à commencer évidemment par cette pauvre Lisa qui en plus d'être responsable de la réalisation et du scénario a coproduit le film et joué l'un des rôles principaux.Le producteur number one est Michel Seydoux pour sa firme Pathé qui a un flair étonnant pour détecter les pires nulasseries,d'où l'expression "les films qui sentent le Pathé".Reconnaissons à la fille de Marie Laforêt d'avoir au moins introduit un élément original avec l'échec systématique de la relation amoureuse ici présentée.A-t-elle pensé à "Brève rencontre"?Toujours est-il que Pierre et Elsa tombent raide dingues l'un de l'autre dès la première seconde de leur rencontre,genre "Coup de foudre à Boboland" ou "Mariés au premier regard",mais qu'ils n'arrivent jamais à concrétiser cette passion.Au début c'est parce que le mec,qui est marié et heureux en ménage,ne veut pas tromper sa femme.Mais la tentation est trop forte,elle a l'apparence de Sophie quand même,et il change d'avis mais des impondérables vont sans arrêt les empêcher de conclure.C'est ballot car ils se rencontrent sans cesse par le plus grand des hasards,car c'est le hasard qui a écrit le scénar.Il faut dire que dans une petite ville comme Paris on tombe forcément fréquemment sur les gens qu'on connait,c'est mathématique.Donc on comprend vite la mécanique de l'histoire,qui se répète à l'infini,ce qui gâche un peu l'effet de surprise mais comme on s'en fout total c'est pas grave.Les deux niais se rencontrent.Par hasard.Ils flirtent comme des singes en rut.Par instinct.Un impondérable surgit et sabote la saillie libératrice.Par malheur.Pour le reste,l'imagination délirante est au pouvoir.On est à Paris,ce qui se voit rarement.On est chez les bobos friqués entre un avocat blindé et une romancière à succès,ce qui est d'une folle audace.Les amoureux ont des enfants chiants,normal avec des parents dégénérés.La fille a des copines hystériques avec qui elle cause de cul et pique des fous-rires qu'on aimerait partager si toutefois il y avait quoi que soit de drôle là-dedans.Le gars a des potes rigolos avec qui il cause de cul mais lui ne rigole pas trop vu son statut conjugal.Tous deux sont amis avec un éditeur homo,il faut toujours un homo sinon ça ne marche pas.Tous deux rêvassent à l'autre quand ils sont au boulot,à se demander comment ils arrivent à bosser.Elsa se console avec un jeune écrivain à succès qui la baise comme un furieux,Pierre essaie de donner le change à madame qui commence à avoir des doutes.C'est d'une stupidité prodigieuse,d'une prétention ridicule,les personnages sont plus vides que le slip à Polnareff et les comédiens sont si mauvais qu'on en est gêné pour eux,même si Soso est habituée à ce genre de conneries.Les situations creuses et rebattues s'enchaînent sans répit,Lisa se laissant parfois aller à des rafales de plans speedés montrant les protagonistes séparément en divers lieux,en divers endroits et diversement vêtus,façon pub pour parfum.Elle tente même pour donner le change et dynamiser cet étron filmique le coup du split screen ou du changement de pièce dans le mouvement.Par exemple Elsa ouvre sa penderie,elle avance dedans et hop,elle se retrouve en boîte de nuit.Magique,non?Sans oublier les échappées oniriques qui reviennent à intervalles réguliers,l'avocat rêvant aux brûlantes étreintes qu'il pourrait avoir avec sa belle et qui à chaque fois échouent.Et puis il y a des aphorismes puissants du style "le mieux pour qu'une histoire ne se termine jamais est qu'elle ne commence pas".Ca vous la coupe,ça,non?Eh oui Lisa a investi et s'est offert le Dictionnaire de citations à l'usage des neuneus et des mal comprenants.La fin est soignée,c'était le moins qu'on puisse espérer,et l'affaire est close d'une manière complètement abrupte et énigmatique.Trouver François Cluzet embarqué dans un tel naufrage est ahurissant,d'autant qu'il est carrément inadapté à l'emploi de l'amant romantique.Sophie est physiquement magnifique,et heureusement car elle ne peut compter que sur ça pour compenser ses minauderies affligeantes.Lisa Azuelos n'aurait jamais dû essayer de faire l'actrice et sa participation pose question.Sérieux,elle n'a pas trouvé une actrice potable prête à se compromettre dans ce désastre?Même avec un gros chèque de tonton Seydoux?La prod a pourtant réussi à convaincre quelques pointures de se risquer en ces bas-fonds puisque Jonathan Cohen,Alexandre Astier et Olivia Côte sont là.Sophie avait déjà tourné pour Azuelos dans "LOL" et Astier dans "Comme t'y es belle!".Peut-être le roi Arthur a-t-il accepté le deal en souvenir de la défunte Valérie Benguigui,à qui le film est dédié,qui jouait son épouse dans ce film.