Un homme, joué par Lonsdale magnifiquement, raconte à un groupe d'amis sa perversion : dans les toilettes d'un bar, il observe par un trou dans la porte, le sexe des femmes qui viennent pisser dans le toilette d'à-côté, passion qui devient vite obsession. Lorsque le film semble terminé, il recommence, mais avec de nouveaux acteurs, qui disent mot à mot le même texte, jouent les mêmes situations. Sauf que l'on comprend très vite, que cette seconde partie est documentaire, qu'Eustache a enregistré la vraie confession de son ami Jean-Noël Picq, devant quelques un.e.s de ses ami.e.s médusé.e.s d'en prendre connaissance. Le génie absolu d'Eustache est double : déjà d'avoir fait rejouer mot à mot cette confession documentaire pour la transformer en fiction, mais plus encore de montrer les deux côte à côte en commençant par le volet fictionnel. Le trouble est total lorsque débute la seconde partie, on a l'impression de les voir rejouer un texte que l'on connait déjà alors que c'est l'inverse. Eustache brouille totalement les frontières entre cinéma de fiction et documentaire, ce qu'il aura fait durant toute sa carrière (La Maman et la Putain ce n'est que ça) tout en nous faisant voir l'immensité du monde, et sa complexité, par un trou au fond des chiottes d'un bar. Chef-d'oeuvre absolu et indépassable.