Regardez l'affiche de ce film et que voyons nous ? Des mots "comédie jubilatoire", "Euphorisant", "Splendide" et puis un titre, fleurant bon le mélo, avec en plus la tendresse infinie d'une mère que nous renvoie la photo. Si l'on regarde bien, une colonne de lauriers glanés dans divers festivals à travers le monde, donne à penser que nous avons là une pépite exotique qu'il ne faut pas rater.
Vous pensez bien, c'est tout à fait un film qui emballe le spectateur, mais, étrangement, je n'y ai pas vu ce que le distributeur veut nous faire croire. Ce n'est pas vraiment une comédie, c'est euphorisant uniquement parce que le film est réussi et rarement mélo (je reviendrai sur le "rarement " plus loin).
Nous sommes au Brésil, dans une riche famille branchouille. La mère est une sorte d'égérie modeuse, une Inès de la Fressange locale en version enrobée. Le père, plus âgé, moins clinquant, vit des royalties de tubes interplanétaires composés jadis. Ils ont un fils, adolescent sans trop de problème, profitant la vie dorée et facile que lui offrent ses parents aisés. Et il y a aussi le personnel de maison, un chauffeur, une bonne et surtout Val, cuisinière, servante, nounou de la famille depuis la nuit des temps. Dotée d'un tempérament explosif mais tempéré par son absolue servilité et une conscience extrême de sa place dans la société, Val, en retrouvant sa fille après plus de dix ans de seuls contacts téléphoniques, va voir basculer son univers bien réglé.
Le film commence doucement, prenant le temps de poser le lieu et quelques petits détails dont l'importance apparaîtra au fil du récit. Ca monte crescendo, happant le spectateur dans une histoire admirablement tissée, mêlant avec délicatesse et justesse les thèmes de la maternité et des rapports de classe. En ne quittant presque jamais cette villa moderne, Anna Muylaert emprisonne ses personnages pour je jamais les lâcher. Sa caméra capte la moindre hésitation, le plus petit froncement de sourcil, créant une tension dramatique de plus en plus oppressante. Nous aussi on épie, on frémit de se faire surprendre à manger la glace du fils de famille, on est gêné lorsque nous occupons illégitimement la cuisine de ces bourgeois et nous jubilons lorsque Val, ose enfin se glisser dans la piscine. Il y a dans ce film tous les enjeux d'une société brésilienne en plein boom économique mais aussi un discours plus universel sur la place de chacun dans un monde qui aime les soumis et les forts.
La fin sur le blog
http://sansconnivence.blogspot.fr/2015/06/une-seconde-mere-de-anna-muylaert.html

pilyen
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le 30 juin 2015

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