La thématique du deuil a beaucoup envahi nos écrans ces temps derniers avec des résultats mitigés. La bonne surprise vient d’Israël avec une vision ébouriffante, presque dérangeante ou politiquement incorrecte de la douleur de la perte, du chagrin de l’absence et du manque. Tout d’abord, le film est dégagé de tout contexte géopolitique : le fils de Vicky et Eyal est mort de maladie à 25 ans et pas sous les balles d’un terroriste.
Nous faisons la connaissance du couple à l’issue de la semaine de deuil (la Shiv’ah qui fut aussi l’objet du très beau film Les Sept jours de Shlomi et Ronit Elkabetz). Comment la vie va-t-elle reprendre au huitième jour ? Si Vicky s’attelle aux tâches habituelles et tente de reprendre son activité d’institutrice dans une scène qui résume bien le dérèglement en cours, Eyal qui montre d’emblée une mauvaise volonté face à sa femme et aux voisins prend rapidement la tangente dans une succession d’actes et de comportements inattendus, illogiques et pourtant tellement justes et compréhensibles.
La douleur de ce père dépossédé qui s’exprime par l’agressivité et le refus des convenances et des rites, comme se rendre au cimetière, nous le rend terriblement proche et empathique. On souscrit toujours à cette légèreté de ton qui flirte ici avec le rire et la dérision pour évoquer ce qu’il y a de plus grave et tragique dans l’existence. Il ne faut pas néanmoins croire que le film soit dépourvu d’émotion. Diffuse et subtile, elle finit par s’épanouir dans une magnifique séquence finale attestant, s’il en était encore besoin, de la grande tenue de ce premier long-métrage.