Dans la religion juive, Shiv'ah est la période de deuil suivie par les proches parents d'un mort. Pendant sept jours, ils ne vont pas au travail et doivent suivre toute une série de rituels et d'interdictions tout en accueillant la famille plus éloignée, les amis et les voisins qui viennent soutenir ceux qui portent le deuil.
Une semaine et un jour va suivre deux journée de la vie d'un couple, Eyal et Vicky Spivak, qui viennent de perdre leur fils Ronnie, âgé de 25 ans. La première qualité à noter, c'est l'extrême pudeur avec laquelle le cinéaste aborde le sujet. Le film débute le dernier jour de Shiv'ah. On nous épargne la mort du fils, la douleur larmoyante des parents, etc.
Mais très vite, justement, l'attitude du couple va surprendre. Alors que les règles de la Shiv'ah tolèrent que les parents ne reprennent pas le travail tout de suite, voilà que la mère de Ronnie se présente à l'école où elle travaille et interrompt le cours donné par son remplaçant. Petit à petit, on comprend qu'elle essaie de mener sa vie comme si rien ne s'était passé : rendez-vous médicaux, interros surprise, etc.
Mais le film va surtout s'intéresser au comportement d'Eyal. En retournant à l'hôpital où son fils est mort, il trouve le sachet de cannabis médical qu'il n'avait pas eu le temps d'utiliser. S'ensuivent quelques scènes absolument hilarantes où le père de famille va tenter, en vain, de se rouler un joint, avant de demander à Zooler, le fils du voisin, de l'aider.
Va commencer alors un périple délirant où le bon père de famille, bourgeois cinquantenaire sans histoire, va littéralement péter un plomb et se comporter de façon totalement immature. Et c'est là le génie de ce film : au lieu de se complaire dans la description de personnages anéantis, il transforme cette histoire de deuil, à fort potentiel de pathos, en une lumineuse comédie sur l'espoir où l'humour est employé pour résoudre la douleur de la tragédie.


Mais qu'on ne s'y trompe pas : il ne s'agit pas de faire une comédie noire sur la mort. Une semaine et un jour est le portrait touchant et émouvant d'un homme qui veut surmonter la mort de son fils en se prenant pour lui. Il prend la place de Ronnie : il devient le pote du meilleur ami de son fils, il joue au ping-pong face à des enfants, il est mauvais perdant, il fume beaucoup (trop) de joints, bref toute la panoplie de l'immaturité.
Une image, vers la fin du film, est très significative. Eyal court à travers un labyrinthe de pierres tombales dans un cimetière monumental où il semble se perdre. Au détour d'un plan, il est littéralement submergé par les tombes. Image symbolique d'un père dépassé par l'indicible défi de surmonter la mort d'un fils.
Ou comment, à l'absurdité de la vie, Eyal répond par sa propre absurdité personnelle.
C'est là, finalement, que le film est le plus émouvant. Parce qu'il ne cherche jamais à l'être, parce qu'il ne force jamais le trait, parce qu'il s'éloigne pudiquement de tout pathos, alors il parvient à émouvoir.

SanFelice
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le 10 nov. 2017

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