Alors là, on rentre dans le vif du sujet. Si l'obscur Sad posait déjà les jalons, Kaidanovsky accouche ici d'un vrai beau film, qui amplifie la force esthétique du premier essai en lui offrant ce qui lui manquait, une lisibilité cinématographique. Parce qu'il faut le dire, malgré sa forme étouffante et cloisonnée, c'est une petite claque visuelle que ce Simple Death, où Kaidanovsky pousse encore plus loin son esthétique mortifère et silencieuse.
L'intérêt majeur du film, c'est d'arriver à aboutir, en une petite heure dix, en une représentation de la Mort, au chevet d'un agonisant qui la refuse. Tout Simple Death joue, au fil de sa lente et langoureuse cinématographie et de ses jeux d'ombre et de lumière, sur cette dichotomie instinct de mort / instinct de vie. Adapter Tolstoï, une idée brillante qui donne son liant au film de Kaidanovsky, une cohérence entre un propos pessimiste et désespéré (c'est au moment de la mort qu'un cynique se rend compte de la préciosité de sa vie) et un visuel glauque et fataliste. Simple Death fait partie de ces films morbides où la Faucheuse hante jusqu'à chaque plan, où la seule promesse divine, c'est le dernier sacrement. Questionnant la présence et l'absence de Dieu, dans une suite d'apparitions mortuaires que n'aurait pas renié Andrei Tarkovski (par lequel Kaidanovsky est hautement influencé, puisque c'était lui le Stalker), c'est toute la force de ce film pétrifié, triste et anxiogène ...
Sa force et sa faiblesse. Parce que, et c'est un défaut récurrent chez Kaidanovsky, le film est paradoxalement trop long et trop figé pour réellement embarquer du début à la fin, l'iconographie trop répétitive et désincarnée pour tenir la longueur.