Je me souviens avoir regardé en boucle le film d'Al Gore, il y a de cela dix ans. J'étais fasciné par le personnage, sa verve, son slideshow. Étalant la science du climat, il nous appelait à agir. Dix ans plus tard, son séquel fait l'effet d'un flop. Tout est beau, mais tout sonne creux. Il manque quelque chose...
Ouvrant sur les images d'un glacier groenlandais entrain de fondre, le film donne le ton dès le début. Alternant entre des faits alarmants, d’impressionnantes images de glace qui explose, de pans de glaciers qui tombent sans cesse et de torrents d'eau de fonte, c'est l'ancien vice-président américain qui est sur le devant de la scène. Toujours à l'action, voulant répondre aux critiques, et une fois de plus alarmiste : il est venu vous parler de la menace qui pèse sur nous... et ce qu'il fait pour changer tout cela.
Contrairement au film de 2007, An Incovenient Sequel revêt une trame plus narrative, avançant moins de données scientifiques ; les dix dernières années de progrès en climatologie semblent passées à la trappe. Tout se déroule autour de la COP.21. Entre les préparatifs, les rencontres bilatérales, et les conférences qu'il fait, c'est un ancien politicien à l'action, les pieds dans l'eau, rencontrant les victimes de catastrophes, se rendant dans les points chauds du globe que l'on voit, sauvant les négociations climatiques grâce à un deal historique. Al Gore se laisse emporter, et veut se montrer en proie au doute, mais toujours en mouvement.
Mais au bout d'une centaine de minutes de film, difficile de se sentir satisfait. S'il le film est très bon pour donner de l'optimisme, avec des chiffres encourageants et de bons sentiments, l'approche d'Al Gore est très discutable. Tout n'apparaît que comme une question de production d'énergie. C'est l'éolien et le solaire qui nous sauveront, ça ne coûtera pas cher, et les obstacles qui sont devenant nous, c'est le manque de volonté politique, et l'absence de crédits verts. Le business écologique sera notre planche de salut. Rien n'est dit sur les changements de comportements, ni sur l'adaptation aux changements climatiques. On ne désigne pas de responsables, d'ailleurs, si ce n'est Trump, ou les indiens (qui changeront d'avis, grâce à Al, of course).
Le film ne fera pas changer grand chose. Ceux qui s'intéressent à la question devraient plutôt s'acheter le DVD de "Demain", ou "Saison Brune", de Philippe Squarzoni. La campagne de promotion du film aura peut-être, je l'espère, le mérite de remettre, quelques instants, l'urgence climatique sur l'avant de la scène. Ce ne serait pas du luxe.