La petite fille à l'oiseau mort

Ounie Lecomte s'inspire de sa propre enfance pour nous conter l’histoire de Jinhee, petit bout de femme de neuf ans, que son père a laissé dans un orphelinat de la banlieue de Séoul, afin qu'elle soit adoptée.

La réalisatrice place sa caméra à hauteur d’enfant pour saisir les subtilités des émotions qui traversent Jinhee. Son désespoir est immense; elle ne comprend pas pourquoi son père l'a laissé dans cet orphelinat tenu par les sœurs catholiques.
Son père lui aurait-il menti lui disant qu'il allait revenir la chercher ? Jinhee ne peut se résoudre à cette idée et entre en résistance.

J'ai aimé le décalage puissant entre son corps frêle de petite fille et son obstination, sa résistance intactes.

Comment passer d'un statut d’orpheline désespérée à celui d'enfant adoptable ? Sa quête sera douloureuse, d’autant plus qu'elle s'accompagne de déchirements : le départ de la nounou handicapée, de la meilleure amie qui a été adoptée, des autres petites filles de l'orphelinat qui partent les unes après les autres, accompagnées des chants déchirants de leurs consœurs.

La scène dans laquelle elle s'enterre pour ne plus respire, comme le petit oiseau mort est déchirante. On sent toute sa souffrance, tout son désespoir.

Voici donc un grand film sur l'abandon et l'adoption, reposant sur les frêles épaules de la jeune Kim Saeron qui est extraordinaire. Son visage diaphane m'a fait penser à celui figé pareillement de la petite Ana dans Cria Cuervos de Carlos Saura.

Pas d'excès de bons sentiments, aucun pathos pour ce film, tout en pudeur et en sobriété, qui est très touchant, bouleversant par moments.