Dans ce film sombre, le mal est tapi dans l'ombre mais aussi en pleine lumière. Dès le début, ça flingue et ça flambe comme à Marseille quartiers nord. Les porte-flingues adhèrent à la cause de ceux qui les manipulent, parfois par idéalisme comme Stéphane le héros maladroit et malheureux survivant de l'histoire nationaliste du FLNC et d'Armata Corsa, parfois parce c'est l'aventure, l'occasion de vivre en voyou sur un pied trop grand, et d'agir pour la cause qui excuse tout, la fin justifiant les moyens. Cette culture méditéranéenne avant tout masculine du point d'honneur, de la vendetta, de la violence érigée en valeur première, rythmée autant par les mariages que par les enterrements, frôle toujours le néant, le désespoir, et quelquefois, quelquefois seulement la rédemption, le sacrifice du compagnon de lutte qui cherche à sauver son neveu innocent, sans jamais abandonner les armes ni sécher tout à fait les larmes.
Malgré les maladresses de l'ambition artistique, et le personnage de notre antihéros ex étudiant finalement peu politisé qui manque un peu d'épaisseur intellectuelle et affective, la mayonnaise prend, le film s'arrache au documentaire ou à la chronique d'un clan un peu fade et vulgaire. Il s'élève parfois avec force et grâce, comme lors de la dernière scène du film, un travelling, véritable appel désespéré à la vie d'un homme hébété de solitude. Alors, finalement, nous ne sommes plus si loin de la tragi-bouffonerie pasolinienne.

PierreFayollat
7
Écrit par

Créée

le 27 août 2017

Critique lue 328 fois

2 j'aime

2 commentaires

Pierre Fayollat

Écrit par

Critique lue 328 fois

2
2

D'autres avis sur Une vie violente

Une vie violente
AnneSchneider
7

Corps en sursis

L’acteur et réalisateur Thierry de Peretti, natif d’Ajaccio, signe ici son deuxième long-métrage, construit sur un ample flash-back qui se referme en rejoignant puis en dépassant son point de départ...

le 21 juil. 2018

17 j'aime

Une vie violente
Sergent_Pepper
7

Bombe le corse

Pénétrer l’inextricable contexte du militantisme insulaire : tel est l’objectif ambitieux de Thierry de Peretti dans cette vaste fresque sur la Corse du début du XXIème siècle. Alors que les...

le 20 août 2017

17 j'aime

5

Une vie violente
Charlie_Appietto
10

Chef d'oeuvre.

La dérive d'une jeunesse, le cheminement de la violence, la Corse des années 90, tout est là pour donner du cliché. Une des scène du film dévoilée avant la sortie avait de quoi faire peur quand à la...

le 6 août 2017

15 j'aime

3

Du même critique

Une vie violente
PierreFayollat
7

Ce n'est pas Pasolini mais...

Dans ce film sombre, le mal est tapi dans l'ombre mais aussi en pleine lumière. Dès le début, ça flingue et ça flambe comme à Marseille quartiers nord. Les porte-flingues adhèrent à la cause de ceux...

le 27 août 2017

2 j'aime

2