Sorti en 2015 , Unfriended ( ou Cybernatural) , réalisé par un illustre inconnu du nom de Levan Gabriadze, raconte l'histoire de 5 adolescents qui , un an après la mort d'une lycéenne qu'ils connaissaient , discutent sur Skype jusqu'à ce qu'un inconnu s'incruste et se mette à les terrifier.
Le film , contrairement à sa réputation de navet comme on en fait tous les ans , se révèle plus qu'efficace tout en posant des questions intéressantes et étant en soi une performance technique rare.
Au niveau de la réalisation , le film tire son épingle du jeu et le réalisateur nous offre une performance technique dans le genre de l'horreur qui donne sa propre identité du film tout en servant l'ambiance et le propos : le film est un plan - séquence ( avec quelques coupes cachées certes ) de 90 minutes et le spectateur suivra toute l'histoire du point de vue de Blaire et aura pour seul élément visuel à l'écran la capture d'écran du pc de Blaire. Performance technique notable dans un genre où tous les films se ressemblent mais une bonne idée qui va en créer d'autres. Le réalisateur a parfaitement compris le langage d'internet et des réseaux sociaux et le film paraît réel à un point rarement atteint au cinéma. Il se sert du concept pour provoquer le suspense ( les chargements de pages , de documents qui ont une durée réelle et non une durée de film ) , expliciter le background du personnage de Blaire ( les onglets et favoris nous montrent ses centres d'intérêts et ses goûts ) voire même pouvoir mettre de la musique dans le film ( par l'intermédiaire de Blaire qui écoute de la musique durant le film. Tout ces détails et idées sont possibles grâce au concept qui est tenu jusqu'au bout ( ou presque ). Les scènes gores sont très bien réalisées sans être gratuites et le film ne compte pas sur les jumpscares pour instaurer la peur et une certaine tension.
Le scénario se sert de l'histoire du suicide de Laura Barns et des événements que vont vivre les 5 adolescents pour faire un commentaire grinçant mais pourtant nécessaire sur le cyber -harcèlement et le pouvoir des images. Le fait étant que le film est peut - être arrivé un peu tard pour faire passer le message , message que la plupart ont déjà reçus et ceci pourrait expliquer le flop qu'il a fait à sa sortie. Malheureusement, tout le monde n'en a pas conscience , le message est donc toujours d'actualité et se renouvelle grâce à ce film. Le réalisateur ayant vécu un certain type d'harcèlement au cours de sa vie , le propos tenait une importance toute particulière pour lui et ça se sent. Le film critique les déboires et conséquences d'une société régit par une image qui peut à tout un moment être réduit à néant. Ce qui provoque toute l'histoire du film et l'identité du mystérieux invité n'est pas très compliqué à trouver mais ce n'est pas ça l'intérêt : l'invité va prendre un malin plaisir à révéler les petits secrets de chacun et à les torturer mentalement. La révélation finale très bien trouvée renverse notre point de vue sur un certain personnage et dire que c'est osé serait véridique. Les exécutions gores de chaque personnage chacun son tour ( ou presque ) et le plan final rangent définitivement ce film dans le genre horrifique tout en le mettant "à jour".
Les acteurs , la plupart totalement inconnus , sont naturels et très bons , la palme revenant à Shelley Hennig (Blaire) , extraordinaire de justesse.
Le film est une vraie proposition de cinéma : il nous offre un moment qu'on oubliera jamais , un propos et des messages importants de nos jours et un défi technique réussi.