Ce qui sauve les films produits par Jason Blum (et vous devez déjà connaître la réponse si vous suivez mes critiques), c’est principalement la politique de ce dernier, à savoir financer des projets horrifiques à moindre coût (ce qui amortit le score au box-office, garantissant une très bonne rentabilité quoiqu’il arrive). Car si certains d’entre eux parviennent sans mal à trouver la notoriété, d’autres passent totalement inaperçus aux yeux du public à cause d’une promotion inexistante ou bien d’un concept qui n’attise pas spécialement la curiosité. Deux faits qui ont notamment touché la sortie d’Unfriended, un film d’horreur pour le moins spécial sur le papier, mais qui mérite franchement le coup d’œil et non l’anonymat.
Il faut bien reconnaître qu’Unfriended peut en fuir plus d’un. Notamment à cause de son scénario, sorte de Dix Petits Nègres se déroulant sur Skype, mais surtout son concept de mise en scène, qui fait croire aux spectateurs d’être devant un écran d’ordinateur. Un nouveau type de found footage donnant l’impression que les producteurs, scénaristes et réalisateurs sont prêts à faire tout et n’importe quoi pour relancer l’intérêt du public pour ce style de mise en scène, qui a littéralement perdu de sa superbe au fil de longs-métrages ne faisant que le singer (la franchise Paranormal Activity, Projet X…). Et qui, avant tout, n’avait rien de bien passionnant à proposer, si ce n’est de nous livrer une sorte de vidéo Youtube fade et sans saveur, ne pouvant tenir la distance sur grand écran. Oui, Unfriended se lançait dans un concept véritablement casse-gueule qui risquait de causer sa propre perte. Mais à la grande surprise, l’entreprise fonctionne !
En effet, alors que tout laissait présager un nanar horrifique ennuyeux à mourir, nous nous retrouvons avec un divertissement tendu et efficace. Comme quoi ! Un constat que nous devons principalement au traitement du réalisateur pour sa mise en scène, qui ne néglige tout simplement aucun détail pour nous faire croire à un écran d’ordinateur (on switche entre Twitter, Youtube, Facebook et quelques sites Internet, et sans oublier les bruitages) et donc nous rapprocher du quotidien d’un adolescent lambda. Dit comme ça, cela paraît débile mais fallait vraiment y penser ! La preuve, dès les premières secondes du film, on accroche aussitôt au concept, ce dernier nous projetant à la place de l’héroïne. Dès lors, on se laisse emporter par un scénario certes invraisemblable et balisé, mais au combien prenant de bout en bout, sachant manier son suspense convenablement sans jamais nous lâcher une seule seconde. Le réalisateur parvient même à créer de la tension via des petits bruits informatiques du quotidien (notifications Facebook, message sur Skype, problèmes de connexion…), c’est pour dire !
Après, avoir abordé une telle mise en scène possède ses limites. Comme empêcher Unfriended d’être un film effrayant, juste tendu. Ou encore un côté répétitif dans la structure scénaristique, cette dernière ne pouvant tout simplement pas aller au-delà du postulat de base, provoquant ainsi une certaine monotonie dans le visionnage. Mais malgré cela, nous ne pouvons qu’apprécier le long-métrage, qui se permet d’avoir des comédiens tout à fait honorable, et surtout un fond pas si inexistant que cela. Et pour cause, via ce petit divertissement horrifique, le réalisateur en profite pour mettre en avant les dérives d’Internet et des réseaux sociaux. Que les adolescents, ne vivant que de l’informatique et ce depuis leur plus tendre enfance (surtout dans une société qui prône le téléphone portable et l’ordinateur comme moyens de communication), restent insouciants des dangers qui les guettent chaque jour. Ce n’est pas aussi inoubliable que d’autres films ayant déjà traités ce sujet, néanmoins, Unfriended ne se présente pas à nous comme un film vide de sens. Au contraire, il s’agit-là d’un divertissement avec lequel le réalisateur a voulu transmettre un message. Et il y est parfaitement parvenu !
Alors oui, si vous êtes passés à côté d’Unfriended, rattrapez-vous et regardez-le ! Le film n’est certainement pas inoubliable, mais au moins, il sait surprendre, faire réfléchir et surtout passer le temps sans ennuyer. Une bien bonne surprise qui surpasse sans mal les autres films d’horreur de cette année tout en renouvelant à sa manière le genre du found footage.