Soyez Mignons et Allez Crever
𝑈𝑛𝑖𝑐𝑜𝑟𝑛 𝑊𝑎𝑟𝑠, réalisé par Alberto Vázquez, est une œuvre singulière qui juxtapose des personnages adorables à des thèmes profondément sombres et dérangeants. Le film nous plonge dans une...
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le 5 oct. 2024
12 j'aime
Alberto Vázquez est un artiste complet qui m'a convaincu de son savoir faire. Son précédent film Psiconautas était une très belle claque esthétique et artistique qui venait secouer les fans d'animations en proposant quelque chose de cru, dérangeant, et à contre courant de ce que proposent les studios d'animation grand publique. Cependant le film, par plein d'aspect, a ce côté border et difficilement digérable qu'ont les films indépendants cherchant des tons sombres, glauque, et une ambiance pesante qui peut rebuter. C'est donc avec beaucoup de surprise que l'on peut voir qu'Alberto Vázquez a pu financer et tourner son nouveau film, Unicorns War, qui parait plus coloré et plus grand publique. C'est donc avec une certaine intrigue que je suis allé à l'Etrange Festival pour voir ce film qui est une véritable bombe.
Le film est une véritable bombe esthétique. Changeant les styles selons les univers, utilisant différentes dimensions selon les personnages et les environnements, le film se veut comme un véritable trip esthétique et artistique dans la forêt où l'on se perd volontié dans des décors colorés et saturés. Le tout ayant été réalisé sous Blender, le film devient très vite vertigineux tant il invoque des styles différents et tant il les maitrise avec délicatesse et raffinement. Le style moyen âgeux pour iconiser certains actes de violence de la guerre et pour parler 'éléments de mythologie, un style plus aquarelle pour représenter la forêt tropicale, un style plus cartoon pour le monde des ours,... ça regorge d'idée, et à chaque fois tout est fait dans une maitrise qui laisse sans voix. Le tout est sublimé par une musique qui renforce le côté trip ésothérique et rétro que dégage l'image. Maintenant le film a eu énormément de mal à trouver du financement et on sent le manque de moyen à travers certains plans où l'animation n'est pas très propre et où le raccord entre le personnage et l'environnement n'est pas très prore. Il n'empêche que le film extrêmement beau et sait jouer avec les cordes sensibles du spectateur. Le film appelle des licornes, des ours, et des animaux en tout genre avec une certaine forme de fantaisie pour mieux nous toucher lorsque ces différentes figures du bestiaire imaginaire viennent à subir de véritable atrocités en se tappant l'un l'autre, ou en se blessant dans la forêt. La scène d'introduction avec cette jeune licorne qui se balade dans les bois est un excellent exemple de comment le film, tout le long du film, va jouer avec les mythes et va désarmer le spectateur avec du grandiose et une iconographie religieuse. C'est un splendide film qui ne repose autant sur sa réalisation léché que sur son écriture toujours sur le fil.
Le film nous raconte l'histoire d'une guerre entre deux espèces qui n'arrivent plus à s'écouter, à s'entendre, et tout le film raconte l'histoire et comment nait un monde de chaos et de sang, même dans un univers enfantin remplit de licorne et d'Ourson calin, lorsque l'on vient à ne plus écouter que soit. On va suivre deux frères dans un régiment du clan des ours, tout en suivant un enfant licorne cherchant sa mère, ainsi que l'évolution de la nature au fur et à mesure que la guerre prend de l'ampleur. Derrière un univers très décalé et un humour très second degrés à base d'ourson bisounours homosexuel incestueux qui pourrait être plus retenu sur certaines vannes sur la bite qui sont un peu trop gravleuse, le film est dans une continuité logique par rapport à Psiconautas et par rapport à une forme de condamnation de l'humanité vis à vis nature et ses mauvaises actions. Ainsi, le film devient véritablement passionnant tant tout se complète admirablement. Le soucis est que le film ce perd dans son montage et son rythme. Si l'on apprécie les nombreux passages religieux qui sont répétés durant tout le film pour accentuer le côté propagande de la religion ours sur les soldat, donnant de l'ampleur et de l'anvergure à chaques répétition, le film a de gros soucis de rythme, notamment sur comment commence la guerre. On enchaine les scènes de campements, les scènes de voyages hallucinés dans la forêt, les flashback sur les deux frères, et on attend que la poudre explose pour finalement une guerre express et un peu trop expéditive. Le sentiment de lenteur est accentué par de nombreux fondu au noir qui sont pas très utiles, et ce sentiment de guerre express se ressent lorsque toute ton action est recentré autour d'un groupe réduit de soldat plutôt qu'une vrai armé où l'on peut "rassasier notre attente" en terme de violence. On pourrait reprocher aussi une utilisation étrange des flashback qui, parfois, vendent trop la mèche de ce qui va se passer, ou encore raconte pas gand chose alors que d'autres flashback sont trop court par rapport à leurs contenu. Enfin en terme de personnage je regrette qu'on n'ait pas plus de scènes du côté des licornes et de comment ces licornes subissent la guerre , et enfin la dichotomie parfois très grasse entre les deux frères qui peut déranger sur la première moitié du film, mais arrive à trouver un sens sur sa fin qui est un véritable choc. On peut reprocher à cette fin d'être assez brutale avec une image de fin qui aurait pu être plus belle, mais cette radicalité raconte quelque chose sur le propos de fond du film et que je trouve passionnant. Je reprocherais juste que cela vient convoquer des références très grosses que le film a du mal à vraiment maitriser
"Du meurtre des licornes et des deux survivants aux comportements opposés naissent l'Homme et l'humanité". De par la dualité des deux frère qui ne se comprennent plus, deux caractères de l'Homme qui ne se comprend pas par manque de communication, nait une créature qui prend corps dans les restes de la nature et d'un monde mort à cause d'un problème d'écoute. Tout le film réside sur l'écoute et sur comment la mésentante fait naitre les caractères les plus puants et sale de l'Homme, et en quoi, malgré que la mésentante soit une composante essentielle du genre humain, il soit important pour l'Homme à apprendre à être à l'écoute de son prochain et de la nature pour aider à la préserver. A travers la mort des deux frères, on ne peut s'empêcher de voir le mythe de Romulus et Rémus, et cette référence, malgré qu'elle soit adapté dans un monde totalement baroque et fantaisiste, prend trop le pas sur le reste, ce qui donne cette sensation de détachement totale de l'univers mis en place. Est ce qu'il aurait été intéressant de mieux introduire la substance noir du début ? Est ce qu'il n'aurait pas été judicieux de parler d'une créature sombre ou quelque chose pour introduire cette fin vraiment très (trop ?) brutale ?
Cela ne change en rien l'expérience sensoriel et artistique qui m'a offert un moment de pure rêverie que je n'ai jamais vraiment eu ailleurs. Merci beaucoup Alberto Vázquez pour ce moment de grâce, et hâte d'avoir votre prochain film !
15/20
N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis.
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Créée
le 18 sept. 2022
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