Avant de rentrer dans le vif du sujet, je voudrais faire une petite mise au point.
Unicorn War est présenté comme un film franco-espagnol. Je l’ai même vu, plusieurs fois, qualifié de film français.
On va mettre les choses au claire : Le réalisateur-scénariste est espagnol, la composition musicale est espagnole, la majorité des animateurs sont espagnols, la production est espagnole.
Le côté français se retrouve, essentiellement, dans l’animation 3d et les effets spéciaux.
C’est tout à fait honorable, mais c’est de la sous-traitance.
C’est un film espagnol.
Cette petite mise au point faite, que pouvons nous dire du film ?
On peut la résumer à l’histoire de deux frères : Célestin et Dodu. Dodu est un ours irrémédiablement bon, Célestin est un ours irrémédiablement mauvais. Le point de vue ce fait essentiellement par ce dernier.
Plongés au cœur d’une forêt hostile, les deux jumeaux partent à la guerre contre les licornes. Dans la tradition d’un full metal jacket, ils seront témoins d’atrocités, d’accidents facilement évitables et de pétages de plomb aux conséquences effroyables. Leur nature profonde scellera leur sort respective, mais aussi celui de leur monde.
Si vous pensiez comme moi, en regardant ce film, avoir affaire à une comédie trash noir, vous allez être désappointé. Le film n’est pas spécialement drôle. Il y a quelques blagues par-ci par-là, certaines font sourire, mais c’est un film relativement sérieux. Le côté « Bisounours trucidants des licornes » arrête d’être drôle au bout de 5 minutes.
Donc, si vous voulez le regarder, ayez les bonnes attentes.
Parce finalement, comment peut on qualifier ce film ?
Il est beau. Magnifique même. Il est non seulement bien dessiné, bien animé, mais il est aussi merveilleusement créatif. Le fait que les protagonistes soient des Bisounours armés est utilisé pour justifier tout un tas d’idées de design amusantes : leur couleur dominante est leur rose, leurs médailles sont des arc-en-ciels, leur symbole religieux est un cœur avec un œil…
La forêt où se déroule la majorité de l’action n’est pas en reste. Les arrière-plans rappellent parfois du dessin à l’huile, les animaux sont colorés, à mis chemin entre la créature venimeuse d’Amazonie et la mascotte. Et enfin, les licornes et les singes, contrastent joliment avec tout ça, avec une dominance de noir.
Il semble que le réalisateur Vazquez, est aussi derrière les storyboards, cet homme a clairement une expertise en animation, gros big up pour ça.
Malheureusement, Vazquez est aussi le scénariste, et là, on comprend que ces compétences ne sont pas équitablement réparties.
N’allons pas par quatre chemins, le film est mal écrit.
Ça veut pas dire que le film n’a pas quelques bonnes idées, qu’il serait complètement raté, mais la qualité générale n’est pas ouf.
D’abord, le film à une échelle bien trop ambitieuse pour ses 1h30. Et comme beaucoup de film bien trop ambitieux, la dernière partie semble aller trop vite, presque bâclée.
Mais ça ne s’arrête pas à ça, malheureusement.
Le film est censé être un film militaire, avec la forêt magique comme Vietnam, mais il n’arrive jamais à imposer une ambiance pesante ou angoissante.
Par exemple, le sergent finit par agresser le chapelain après un désaccord et le blesse.
Son agressivité est censé être justifié par le fait que lui et sa troupe sont au bout.
Le problème, c’est que la troupe en question n’est dans la forêt que depuis cinq minutes, et que la seule chose grave qui ce soit produite, c’est qu’un des soldats a une infection à l’orteil.
On y croit pas une seule seconde. Je me suis demandé si par hasard l’excuse de l’épuisement est censé être un prétexte et que le sergent n’aime juste vraiment pas le chapelain. Mais vu le reste du film, je pense plutôt que c’est juste un problème d’ambition vs réalité.
Malheureusement, ce n’est pas qu’un problème d’ambition.
Il y a aussi tout un tas de scènes complètement inutiles.
Par exemple, il y a de nombreux flashbacks, ils sont très bien animé, certains ont des idées visuelles intéressantes, mais ils ne servent rien.
Ils n’apportent rien à la caractérisation, Célestin est mauvais, Dodu est bon. On le comprend dans les cinq premières minutes du film, et le reste du film continuera à le confirmer.
Et en ne servant à rien, ils prennent du temps, du temps qui aurait put être utilisé pour des scènes vraiment utiles.
Rajoutons à cela que la subtilité la plus minimale est bien souvent absente de l’écriture. À ce demander parfois si le film ne viserait pas qu’à émuler une esthétique enfantine, mais viserait des gosses en mal de sensations fortes.
Quand je dit subtilité, je ne veut pas dire complexité scénaristique, je n’ai aucun problème avec des films au scénario simple, franc et direct. Par manque de subtilité, j’entends plutôt que le film à un sous-texte très évident, mais qu’il a tellement peur que ces spectateurs le comprenne pas qu’il se sent obliger de l’amener avec les plus gros sabots du monde, au point de l’alourdir, voir de le rendre parfois gênant.
Par exemple, les ours représente évidemment la « civilisation », urbaine et organisée, opposée à la « nature » qui est représentée par les licornes. C’est évident, mais le film sera quand même obliger de faire dire à une licorne à la moitié du film « Notre mère véritable c’est la nature […] notre devoir est de veiller sur elle et de protéger la forêt ». Oui, film. On l’avait compris. Tu n’étais pas obliger de nous le dire explicitement.
Et puis parlons de « Une bonne licorne est une licorne morte ». Sérieusement ? Qui a bien put penser que c’était une bonne idée ? Non seulement c’est absolument pas subtil, mais la phrase est tellement clichée qu’elle fait carrément soupirer.
Je pense qu’il n’y a rien de mieux pour résumer le film que sa fin.
Je ne vous la spoilerez pas mais pour faire simple elle n’a aucun sens. Elle est aussi magnifique, et très stylée.
Si vous voulez avoir une expérience visuelle intéressante, je vous conseil ce film.
Sinon, il y a probablement des films qui traînent dans votre armoire mentale qui méritent probablement d’être regardés en premier.