Inutile de déblatérer, enough is enough

Passé inaperçu depuis un an ce film redevient d’actualité suite au FIFA Gate mouillant la fédération dans de multiples affaires de corruption qui entraîna le 2 juin dernier la démission de son président fraichement réélu Sepp Blatter. L’occasion de découvrir les coulisses de cette machinerie, les origines de la petite organisation menée par Jules Rimet dans les années 20-30, son évolution à travers les décennies, ses enjeux politiques et économiques, les magouilles … Mais voilà ce United Passions est bel et bien ce que je craignais, un projet très lissé ne visant qu’à absoudre les zones d’ombre pour ne mettre en avant que la toute puissance de l’institution.


Le postulat de base est simple, retracer près d’un siècle d’histoire du football, et cela de manière chronologique, sorte de film Wikipedia en somme, avec en fil rouge un match improvisé sur un terrain rudimentaire entre de jeunes adolescents, histoire de bien montrer de manière balourde que le foot est ouvert à tout le monde, n’importe où, n’importe quand et avec n’importe qui. J’ai déjà eu un problème avec ça car ce long métrage ne semble pas chercher à développer une véritable idée centrale, il ne veut que dérouler une trame toute faite avec un scénario qui abat des dialogues d’un conformisme sur-écrit affligent, la mise en scène fait preuve de dilettantisme, même Gérard Depardieu ne parvient pas à faire sortir le film de son propre retranchement. L’accumulation de séquences inutiles et totalement gratuites est ahurissante, d’habitude je ne suis pas forcément pour les textes explicatifs pré-générique mais cela aurait très certainement permis au réalisateur d’économiser une bonne vingtaine de minutes pour se concentrer sur des événements majeurs, où du moins plus importants pour construire une idée. Mais on comprend de toute façon que ce n’est pas la ligne de conduite : point A à point B.


Après il y a quelques passages intéressants notamment le rôle de l’organisation en temps de guerre mais ça n’est que survolé, et justement c’est dommage, de plus on sent le côté sur-émotionnel et politiquement correct, et personnellement ça me gave. Je dirais que sur toute la première partie consacrée à Jules Rimet il ne doit y avoir que deux ou trois passages réellement dignes d’intérêt, le reste étant de la constante didactique servie par un casting peu convaincant. D’ailleurs ce qui m’a passablement énervé, bien que je conçois que la distribution du film en soit contrainte, c’est que la langue anglaise soit dominante, ce qui fait que certaines scènes n’ont pas de sens, entre français on parle français non ? Ça n’est qu’un détail mais j’ai du mal avec cette démarche. Ensuite le long métrage utilise des bouts de documents de coupe du monde en guise de rétrospective, disons que c’est sympathique et plutôt bien intégré, l’esthétisme est stylisé, on flaire quelques fonds verts mais nul doute qu’une véritable reconstitution aurait coûté deux bras, et j’imagine que le budget devait être assez restreint, allez disons que ça passe.


La seconde partie sur Havelange et Blatter reste un petit gâchis, car le duo d’acteurs Sam Neill - Tim Roth fonctionne plutôt bien et que le contexte de gouvernance des années 70-90 était rempli de sources pouvant être exploitées, mais encore une fois tout est survolé, c’est rageant, à mon avis l’intérêt du projet d’un film sur la FIFA était là, le reste n’est au final qu’accessoirement instructif. Par exemple lors de cette Coupe du Monde 78 en Argentine il y avait quelques points à mettre en lumière sur les relations entre la fédération et la dictature de Videla, dans le film tout n’est résumé qu’à un petit symbolisme futile, idem pour les accusations de matchs arrangés lors du Mondial 82, c’est certes évoqué mais on ne s’y attarde pas, bon … Le véritable personnage qui en prend pour son grade c’est Havelange, à juste titre, lui l’instigateur de cette machine à pognon implacable, le rôle est froid, Blatter lui est dépeint presque comme une victime de l’ombre de son souverain, puis ensuite de sa propre fédération convoitant son poste. La fin du film est clairement à son avantage, on nous montre un homme plein de mérite, pas très propre mais respectueux et respecté, d’une volonté progressiste saine et en mesure de redonner au football ses lettres de noblesse … on connait la suite.


Au final ce United Passions ne s’extrait jamais de la coquille qu’il s’est lui même construit, il n’y a aucune réelle intention de nous éclairer sur les coulisses de la FIFA, le travail d’investigation est donc inexistant, c’est un pseudo documentaire masqué en film avec les artifices et l’académisme qui vont avec. Sans compter que le fait de vouloir masquer les réalités pour les couvrir de jolis draps immaculés n’est pas franchement fair play pour le spectateur, qui suite à l’affaire qui vient d’éclabousser la FIFA ne sera pas bête, autant l’enterrer et faire comme si il n’avait pas existé non ?

Créée

le 3 juin 2015

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JimBo Lebowski

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