A travers les histoires croisées de quatre femmes, le jeune réalisateur polonais Tomasz Wasilewski dépeint les tourments intérieurs causés par des amours déçues.
Mettre à nu les cœurs et les corps, voilà sans doute l'une des ambitions du cinéaste. Les scènes d'intérieurs, fort nombreuses, nous laissant découvrir des microcosmes insoupçonnés, vont d'ailleurs dans ce sens: salles à manger à la végétation luxuriante, chambres aux portes ouvertes et aux rideaux tirés, lits défaits, vestiaires de piscines, baignoires partagées, salles de bains et toilettes, ... Autant d'espaces où, sans fard ni complaisance, avec un regard cru, voyeur et sans scrupules, nous sont dévoilés les recoins cachés de ces âmes en perdition.
Quatre femmes donc, d'âge divers, toutes amoureuses, d'un amour impossible, égoïste, maternel ou narcissique et qui vont seules dans cet amour jamais réciproque. La plongée dans l'intimité de ces femmes éprises jusqu'à l'anéantissement de l'autre, de l'objet, dans un désir fusionnel impossible car trop idéal, est vertigineuse, principalement lorsque la passion les fait défaillir et qu'elles manquent de franchir le bord qui les séparent de la folie, même si elles en sentent parfois le vent les traverser.
Mais, quel miroir veut nous tendre Wasilewski? N'y a-t-il pas une once de compassion dans son regard, d'émotion contrôlée ni de raison dans ses personnages? De plus, la constante hystérie bovarienne lasse à la longue, autant que ce filtre bleuté qui accentue la froideur des stratagèmes, glaçants à en brûler, employés par des personnages consumés par un feu intérieur afin d'assouvir leurs désirs personnels.
Enfin que dire de la lenteur des scènes? Si parfois cela peut desservir une participation active du spectateur, la prolongation d'une réflexion présente dans le film, dans United states of love cela ne révèle que d'un artifice abusant jusqu'au ridicule de certains codes du film d'auteur. Car outre le louable portrait psychologique de ces femmes au bord de l'hystérie, le récit nous semble bien plat, la profondeur des idées absente et l'art de la nuance sacrifié. Certes, un certain soin est apporté à l'image mais le tout est plutôt grossier et ostentatoire, trop partial et négatif quant à la qualité des sentiments humains.