Vous êtes-vous déjà demandé ce que pouvaient penser les habitants de Metropolis quand ils voient débarquer un Superman maléfique tous les quatre matins, ou ce que deviennent les habitants des dimensions qu'ont visité (et saccagé) Rick et Morty ?
C'est peu ou prou l'expérience que vous propose de vivre Universal Theory : Celle de suivre un personnage qui cherchera constamment à dénouer les fils d'un mystère transcendant les dimensions, mais dont il ne trouvera que quelques brins effilochés. Par son parti-pris radical, le film laisse la partie SF presque entièrement hors-champs, et nous met face à un mur infranchissable aussi bien narratif que symbolique : Toute cette affaire n'appartenait pas à notre monde, nous n'étions que les témoins éphémères d'évènements qui dépassent littéralement les frontières de la réalité, et qui, comme le personnage principal, nous abandonnent face à un vide existentiel impossible à combler dans lequel nous ne pourrons que nous perdre.
La fin vous tord le cœur tant elle est déchirante et cruelle, et en même temps parfaitement logique avec ce qui a été raconté.
Une vision originale du concept du Multivers, ici ramené à une dimension dramatique et humaine horriblement banale que le travail du noir et blanc vient amplifier via un constant jeu des clairs-obscurs et une imagerie volontairement kitsch. Le réalisateur cite le cinéma de SF des années 50, son esthétique et sa musique, pour inscrire son récit non pas dans l'Histoire, mais dans l'histoire du cinéma. Ironie suprême : Le plus grand drame de Universal Theory n'est pas sa romance impossible mais le fait qu'il est déjà un objet du passé, une histoire de SF surannée digne de la Quatrième Dimension que des centaines de créateurs auront réadaptée à leur sauce.
Pour notre héros, aucune possibilité de devenir une figure importante du monde scientifique ou du cinéma de genre. Non, il est déjà ordinaire au sein de sa propre histoire. Il est un de ces laissés-pour-compte de l'univers DC, de ceux qui subissent les voyages interdimensionnels des super-héros et qui n'en retirent que du malheur et l'impossibilité de passer à autre chose.
Un film simple, mais néanmoins brillant.