Jusque-là, toutes les adaptations de l'écrivain anglais Nick Hornby étaient synonymes de réussites : de "Carton Jaune" et sa version américaine "Terrain d'entente", en passant par "High Fidelity" à "Pour un Garçon", aucune n'avait déçu.
Mais, comme s'il fallait hélas une exception qui confirme cette règle, celle de "Vous Descendez ?" prend la forme d'un semi-plantage ne parvenant que trop rarement à rendre justice à l'excellent roman dont elle est issue.
Le soir de la Saint-Sylvestre, un présentateur TV déchu, la mère d'un enfant handicapé, une jeune fille perdue et un livreur de pizza atteint d'un cancer décident d'en finir avec la vie. Alors qu'ils se retrouvent tous ensemble par hasard sur le toit de l'immeuble où ils s'apprêtent à commettre l'irréparable, ils concluent le pacte de se retrouver au même endroit à la Saint-Valentin pour voir si leurs vies se sont améliorées...
À vrai dire, on ne comprend pas trop comment Pascal Chaumeil ("L'Arnacoeur") a pu autant passer à côté du potentiel d'une telle idée.
Bien trop court, le film traite son sujet avec une superficialité constamment agaçante en expédiant certains moments-clés de son histoire. Ainsi, la création du lien entre les quatre personnages indispensable à sa crédibilité tient presque de la farce irréaliste (il faudra carrément attendre la moitié du film pour vraiment croire à leur unité) tout comme la médiatisation sortie de nulle part autour de leur pacte étrange. Évidemment, tout le mordant cynique de l'écriture de Hornby et le reflet que ces quatre personnages pouvaient donner de l'absurdité de notre société semblent aussi avoir disparu en cours de route, Chaumeil préférant gommer toutes ces aspérités pour se concentrer uniquement sur leur parcours émotionnel à la fois individuel et collectif. Mais, même là, il n'y réussira que partiellement en découpant inutilement son film selon le point de vue des protagonistes (construction héritée du livre mais pas très judicieuse à l'écran), un procédé qui tournera vite à vide tant la courte durée de l'ensemble ne permettra qu'un approfondissement très relatif de leurs évolutions respectives (par exemple, le personnage de Martin Sharp sera réduit à un simple rôle de clown comme son regard se cantonne à introduire l'histoire).
Heureusement, si "A Long Way Down" ne sombre pas complètement, c'est bien grâce à sa distribution parfaite. L'alchimie entre Pierce Brosnan, Imogen Poots, Aaron Paul et Toni Collette (mention spéciale à cette dernière) prend dès les premiers instants et devient réellement le coeur d'un film où l'on ne cessera de prier pour qu'il prenne sa véritable dimension à un moment ou à un autre. Si la mise en scène mécanique de Pascal Chaumeil ne lui donnera jamais cette possibilté et en fera ce cas typique de long-métrage dont on se demandera ce qu'il aurait pu donner entre d'autres mains, ces quatre acteurs, eux, nous permettront de retrouver quelques-uns des sourires que l'on avait eu à la lecture du bouquin de Nick Hornby. Merci à eux.