Le suicide comme thérapie de groupe, ou comment se remonter le moral entre dépressifs. C’est le crédo d’A Long Way Down, comédie britannico-allemande réalisée par le Français Pascal Chaumeil et présentée en sélection à la dernière Berlinale. C’est un regard plein d’ironie bienveillante sur ce taux de suicidés qui augmente autant que notre confort de vie. Pourtant malgré cette ironie, la sélection à Berlin, les acteurs et un petit côté international, il reste un film petits bras et la désagréable impression d’un manque de quelque chose, qui ressemblerait à un grain de folie.
Sur le papier tout partait bien, même si on le sait que Pascal Chaumeil n’est pas le nouveau Claude Sautet, on avait un scénario qui tenait la route et se payait le luxe d’être un brin irrespectueux. Bref, on avait sous les yeux une Rolls, pas du genre tape-à-l’œil, plutôt de qualité, racée et taillée pour la postérité. Sauf qu’en soulevant le capot, la Rolls a un moteur de Trabant, ça avance (doucement), c’est solide (surement), mais il manque tout ce qui fait le sel du haut de gamme. A Long Way Down est donc étrange: tous les ingrédients du très bon film sont là et devraient faire alchimie mais voilà, quand on les mélange ça ne prend pas. On sourit parfois, on ne rit pas souvent et on se demande pour quelles obscures raisons on trouve ce film moyen.
Il faut le redire, Sylvain Chaumeil n’est (peut-être) pas le réalisateur qui convenait à ce film, d’ailleurs à quel film pourrait-il bien convenir ? Sa mise en scène et une récitation des basiques (très basiques) d’un étudiant en cinéma : les différents plans, les différents mouvements, le montage, etc… Si vous cherchez de l’audace passez votre chemin, ici vous êtes hors sujet. Il faut croire que le bonhomme est trop âgé pour une remise en question et qu’il a décidé de finir sa carrière bien assis sur ses acquis. Sa carrière d’ailleurs surtout s’est cantonnée à la télévision ou à travailler avec Luc Besson. Comment donc en est-il arrivé à diriger Pierce Brosnan ? Excellente question.
Parce-que Pierce Brosnan, comme ses trois autres comparses, frise plus d’une fois l’excellence, chose habituelle avec les acteurs britanniques Imogen Poots, britannique elle aussi, se révélait déjà avant de confirmer son talent dans le laborieux Need For Speed. Need For Speed où elle avait déjà comme partenaire Aaron «je plais aux filles» Paul, un acteur ni bon ni mauvais dont on dira qu’il est fade, neutre, voir ennuyeux. Peut-être à cause de Toni Collette (déjà exceptionnelle dans Little Miss Sunshine), pénible actrice pour ses partenaires même bons, car son talent vampirise littéralement le leur. Cette actrice a du génie, un jeu naturel (sans être naturaliste) qui semble ne lui demander aucun effort.
Un beau gâchis dont Pascal Chaumeil est surement en partie responsable, vraiment étonnant donc que le film a été sélectionné à la Berlinale, festival de cinéma qui jouit pourtant d’une belle crédibilité, auprès des cinéphiles comme auprès du grand public. C’est quand même frustrant, ces films qui passent à côté (à moins que ce ne soit nous qui passions à côté), un peu comme cette première relation sexuelle, qu’on attend autant avec désir qu’avec appréhension et qui finit très souvent par une grosse déception. Fort heureusement, cette déception engendre rarement une rupture et même si on pourra éviter à l’avenir Pascal Chaumeil, restons fidèles à Brosnan, Collette & co.