Up the Junction
Up the Junction

Téléfilm de Ken Loach (1965)

Le premier film de Ken Loach, réalisé pour la télévision, est résolument



une œuvre féministe



mise en scène dans l’esprit d’un docu-fiction très agréablement ficelé.
Le réalisateur promène sa caméra dans le quartier de Clapham Junction autour de trois jeunes filles principalement, mais en s’autorisant toujours d’autres chemins, d’autres personnages, d’autres angles, pour dresser le portrait de l’Angleterre citadine des années soixante.


D’un bar anonyme, bondé et bruyant de ce qui semble être le London Swinging Sixties, où les trois jeunes filles s’essayent au flirt, jusqu’à l’évocation de la misère surmontée une vie durant pour mourir trop tôt, avant l’horizon des rêves à réaliser, Up The Junction suit les discussions légères et enjouées des filles à l’usine ou à la blanchisserie, qui papotent à longueur de temps, incessamment, pour échapper à l’aliénation mécanique du travail, évoquent avec leurs collègues de tous âges les hommes, le mariage, qui s’organisent pour réagir face aux grossesses non désirées, jusqu’à l’avortement clandestin. Le tout emporté par



l’insouciance de la musique rock yéyé des sixties britanniques,



reprises des Beatles incluses, donne un ton positif, heureux, à la vie de ce quartier : c’est l’espoir et la vie qui surmontent la misère et les difficultés avec la force et l’envie, toujours, de dévorer le monde.


Face aux filles, il y a les hommes.
Apparitions récurrentes des flirts et des amours des trois jeunes filles, de jeunes hommes occupés à rester de grands enfants, peu fiables ou peu engagés, long détour avec un vrp usurier et raciste, combinard et fier, et quelques autres. Insipides ou vils, bêtes et bruts.


Up The Junction raconte ainsi, face à la stupidité et à l’immobilisme masculin, une relative libération, du moins une réelle émancipation de la femme dans l’Angleterre de son époque, et Ken Loach, dès sa première réalisation, imprime sa marque militante en se faisant témoin, à travers cette fiction réaliste et documentée, ultra vivante, vibrante, humaine, de ce moment clé et particulier d’une génération désireuse de libertés hors des carcans de l’après-guerre. Sans être encore révolutionnaire, le jeune réalisateur britannique, signe



un film anodin, presque oubliable, si ce n’était là l’évidente pierre fondatrice d’une filmographie engagée toute une vie.


Matthieu_Marsan-Bach
6

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le 7 nov. 2016

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