Ce qui est bien avec John Ford, c'est qu'il y en a toujours un petit nouveau à découvrir au milieu d'une oeuvre gargantuesque et qu'il ne déçoit jamais...
Ici, nous sommes en 1930, c'est à dire bien avant les chef d'oeuvres incontournables, mais le bougre a déjà tout le métier qu'il faut avec une solide expérience du muet et déjà presque une dizaine de films plus ou moins parlants derrière lui.
C'est un peu un film de prison, mais une prison chouette comme tout, une sorte de taule familiale avec base-ball, music-hall et fanfare, pas de ségrégation raciale, pas trop de violence ( à part l'apparition non créditée et éphémère de Ward bond), la fille du dirlo comme mascotte et même un petit bout de mixité dans la cour...
Du coup, forcément, ça donne une histoire d'amour et c'est Humphrey Bogart qui s'y colle, sous le regard bienveillant de Spencer Tracy qui joue St. Louis : roi de la belle, star de la prison et maître hâbleur patenté.
C'est d'ailleurs le seul film que les deux amis dans la vie joueront ensemble, ça tombe bien, c'est leur premier à tous les deux et ils ne s'en sortent pas trop mal, même si c'est sûr que Bogey n'a pas encore sa classe légendaire et que Spencer en séducteur gouailleur et viril, ce n'est pas toujours l'idéal... Un St. Louis clinquant et propre comme un Louis neuf.. Peste ! Quel programme...
Ne vous fiez pas au résumé surréaliste du site, il ne s'agit guère d'un film d'évasion, mais plutôt d'une chronique absolument charmante sur quelques loustics un peu en dehors des clous. A un moment, l'arrivée du méchant-escroc-maître chanteur laisse présager du pire, mais comme de bien entendu, Ford arrive à détourner le truc sans tomber dans le lourdingue...
Il y une chambrée sympatoche, et un débile profond qui passe son temps à se faire avoir par Spencer (Warren Hymer, plus vrai que nature...) et leur couple devient presque attendrissant, il y a des trognes viriles comme on en fait plus, on retrouve toujours de vieilles connaissances en prison, c'est mignon et le tout a un petit côté colonie de vacances un peu improbable.
Vingt-huit ans plus tard, Spencer Tracy retrouvera John Ford pour une Dernière Fanfare dont on dit beaucoup de bien, je vais d'ailleurs aller vérifier ça tout de suite...