Upside Down peut-il nous retourner sans nous donner le tournis ?

Upside Down s’articule autour d’une idée scénaristique farfelue, mais relativement simple à comprendre. La très belle introduction du film en images d’animation racontant la genèse de ce monde bipolaire aux gravités contraires n’y est d’ailleurs pas pour rien. La voix off du héros, Adam, nous y explique très clairement les trois lois qui régissent cet univers et posent ainsi d’emblée les enjeux du film.

- Les êtres ou objets ne sont soumis qu’à la gravité du monde auquel ils appartiennent.

- La gravité d’un objet s’annule lorsque celui-ci rentre en contact avec un objet de même poids du monde opposé (appelé « matière inverse »).

- Deux objets de mondes différents ne peuvent rester en contact trop longtemps au risque de s’embraser.

Si le début du film nous en met plein la vue, la suite est malheureusement beaucoup moins réjouissante. La bonne idée de départ devient vite simpliste et s’essouffle au fur et à mesure que le film avance. On note par exemple des aller-retours entre les deux mondes qui peinent à masquer des faiblesses certaines dans le scénario et la progression du récit. Les soucis de gravité sont par ailleurs aisément contournés par Adam ce qui a pour effet de les reléguer au second plan et de mettre l’amnésie d’Eden au cœur de l’intrigue. Cette dernière est non sans rappeler celle du film « Je te promets » (2012) dans lequel il est aussi question de la reconquête d’un amour oublié. Cette impression de déjà-vu est très présente dans ce film aux inspirations multiples. Upside down n’arrive malheureusement jamais à égaler ses modèles. Ce sont finalement les longueurs, les rebondissements prévisibles et le jeu d’acteur très moyen de Jim Sturgess et Kirsten Dunst qui viennent donner le coup de grâce à cette histoire d’amour sans relief.

A ces déceptions, s’ajoutent celle de la crédibilité de l’univers proposé et en particulier l’utilisation d’un fond vert pour la plupart des décors du film. Les effets visuels sont bons mais pas assez pour que l’illusion fonctionne. On a donc constamment l’impression d’évoluer dans un jeu vidéo. La production aurait à mon sens plutôt dû concentrer ses efforts et son budget sur le scénario. L’effet qui fonctionne le mieux est paradoxalement celui qui coûte le moins cher : retourner la caméra et inverser le décor. Méliès le faisait déjà cent ans auparavant avec juste un peu d’ingéniosité. Dans « L’homme mouche » (1902), il s’amusait en effet à danser sur les murs. Le plus gênant avec la réalisation de Upside Down est l’usage abusif de la rotation de la caméra à 180° pour passer d’un monde à l’autre qui donne au bout d’une demi-heure une certaine nausée. Nos repères vacillent.

Malgré de très bonnes idées, Upside Down nous offre une histoire d’amour désincarnée et un univers bancal. Dommage.
VladimirBodirog
4
Écrit par

Créée

le 31 mai 2013

Critique lue 327 fois

1 j'aime

Critique lue 327 fois

1

D'autres avis sur Upside Down

Upside Down
Jambalaya
7

Jeux de miroirs.

Apprécier Upside Down implique de laisser de côté le cerveau analytique du cinéphile pour donner toute la place à l'intelligence émotionnelle. Voilà un film qui part d'une idée particulièrement...

le 10 mars 2013

88 j'aime

20

Upside Down
guyness
3

Sens dessus dessous (de jugeote)

La gravité, une grave idée Ne mégotons pas, c'est souvent très beau, et presque tout le temps étonnant. D'ailleurs, dans ma note finale, il y a au moins 3 points pour le côté esthétique. Parce que,...

le 2 mai 2013

62 j'aime

11

Upside Down
fouick
2

Quand Matrix se la joue Inception au Pays des Bisounours

- 1 point pour le concept - 1 point pour la musique Je suis sympa, je sors juste de la séance, alors j'explique mon ressenti. :) Déjà, le scénariste, il nous a pris pour des incultes, donc il se...

le 6 mai 2013

46 j'aime

6

Du même critique

Martha Marcy May Marlene
VladimirBodirog
6

Un premier film courageux mais déséquilibré

Je ne sais pas ce que vous en pensez mais j’ai personnellement toujours eu un peu de mal avec les films dont le titre est imprononçable ou difficile à mémoriser. Ce défaut donne souvent à l’œuvre un...

le 31 mai 2013

1 j'aime

The Darkest Hour
VladimirBodirog
7

The Darkest Hour est une belle surprise !

A première vue, le film pourrait s’avérer repoussant en raison de son registre apocalyptique trop souvent utilisé dans les films américains. Mais ce n’est sans compter la maîtrise de son réalisateur...

le 31 mai 2013

1 j'aime

Prometheus
VladimirBodirog
9

Prometheus marque-t-il le grand retour de Ridley Scott au genre qu’il a contribué à définir ?

Sir Ridley Scott l’avait annoncé : la connexion avec Alien se fait seulement dans les 8 dernières minutes de Prometheus. Pourtant l’ADN de la saga horrifique est bel et bien présent tout au long du...

le 31 mai 2013

1 j'aime