Lorsque Gombo, nomade vivant dans la steppe de Mongolie (dans l'une des provinces autonome de la Chine), rencontre Sergueï, un chauffeur russe qui a un accident de camion, une amitié commence à naître et, ensemble, ils vont aller en ville, où Gombo doit notamment acheter des préservatifs pour ne pas enfreindre la loi de limitation des naissances.
De Nikita Mikhalkov je ne connaissais que le brillant Partition inachevée pour piano mécanique, et à nouveau, dans un style totalement différent, il me surprend et ce de très belle manière. Braquant d'abord sa caméra sur le quotidien et les préoccupation de ce mongol, on assiste peu à peu à sa rencontre avec Sergueï, puis sa virée en ville. Mikhalkov met en place cette improbable rencontre et le choc des cultures qui en découle, mettant cela en scène sous une dimension humaine et les tranches de vies, souvent simples et chaleureuses qui en découlent, que ce soit dans le bonheur, le malheur ou le travail.
Dès le début il nous intéresse à ce personnage puis à cette rencontre et les péripéties qui vont en découler. Il prend son temps pour raconter cette histoire, prenant parfois un point de vue presque documentaire pour mettre en avant la façon de vivre de ce paysan mongol alors que l'URSS tombait la même année. Peu à peu, c'est vraiment la dimension humaine qui l'emporte où il met en place une atmosphère tour à tour poétique, émouvante et belle. Entre tradition et modernité, on passe de séquences drôles à d'autres plus nostalgiques à la découverte, chacun leur tour, d'une vie nouvelle qui s'offre à eux. Finalement c'est là aussi que le film est intéressant, dans la façon dont Mikhalkov place la découverte d'une vie totalement différente pour chacun d'eux, quand l'une est plus moderne, l'autre est traditionnelle, voire même ancestrale.
La force et la puissance du film découlent de la manière dont Nikita Mikhalkov capte tous les moments de vies et les personnages. Il prend le temps qu'il faut pour en faire ressortir les diverses sensations et émotions que l'on peut y trouver et dans le même temps, il sublime de magnifiques paysages, notamment grâce à des plans larges où les plaines de la Mongolie prennent toute leur ampleur ainsi qu'une dimension particulière. À l'image de Gombo ivre sur son cheval, plusieurs scènes sont mémorables et Urga bénéficie aussi de la justesse de ses interprètes et d'une belle photographie.
Basé autour du choc de la culture et de modes de vie totalement différents, Nikita Mikhalkov met en scène une amitié naissante aussi improbable que belle où l'on assiste à une oeuvre qui prend, tour à tour, un aspect poétique, documentaire, beau ou encore mélancolique. (et merci à Kalopani pour la découverte)