Bon, cette critique ne se base pas sur la VF française remontée d'1h45, mais bien sur les 3 épisodes de la série en version intégrale, mais c'est plus facile d'en faire une critique sur cette seule fiche que sur celle de la série qui englobe les 4 saisons...
超神伝説うろつき童子 ( ou Chōjin Densetsu Urotsukidōji en version romanisée) est à la base un manga créée par Toshio Maeda en 1985, relatant le récit mettant en scène l'hybride homme-démon Amano Jyaku d'un autre monde qui est banni sur Terre à la suite de son comportement et doit retrouvé le Chōjin, Dieu des Dieux - qui se cache sous l'apparence d'un humain...
En 1987, Hideki Takayama (réalisateurs de plusieurs OAV drastiquement éloignés de cet Urotsukidoji) va adapter le manga de Maeda mais va lui apporter un côté beaucoup plus sombre et sulfureux.
En effet, c'est lui qui a apporté tous les éléments sexuels, SM et gore car il déclara que "...Nothing could provoke a strong reaction on us than violence and sex."
(Rien ne provoque une réponse aussi forte chez l'être humain que le sexe ou la violence).
Et il est peu dire que personne n'avait jamais vu anime aussi explicite dans ses débordements sexuels (corruption de l'innocence, pénétrations en tous genres via des tentacules, inaugurant l'ère des Shokushu dans les OAV et intronisant la notion d'Hentai pour le public occidental) que gore (démembrements, explosions internes, décapitations...).
Bien sûr, l'Europe et les USA ne pouvaient laisser cet objet sulfureux atterrir dans nos magnétoscopes (eh oui, nous sommes en 1989) et donc, toutes le scènes explicites furent coupées (soient plus ou moins 40 minutes) parce qu'il ne fallait pas pervertir nos chères têtes blondes (il y avait pourtant le porno du samedi soir sur Canal + disponibles pour les gamins roublards ou mêmes les VHS coquines cachées dans le placard du salon) et que de plus, tout ce qui vient de l'Asie n'est pas vraiment compréhensibles ,pour nous, Occidentaux (voir les films de Bruce Lee, Jackie Chan et même John Woo, souvent remontés en dépit du bon sens.)
J'ai découvert Urotsukidoji en VF (donc la version remontée pour le marché occidental) et déjà, j'avais été époustouflé par le côté sombre et très différent des japanimes habituels (même Horuto No Ken paraissait bien inoffensif en comparaison), mais il m'a fallu bien plus longtemps (15 ans peut-être...) pour enfin voir les 3 OAVUncensored et là, plus fort fut la surprise !
Un petit aparté concernant la VHS éditée par Manga Vidéo en 1995, stipulant "Version Intégrale" mais indiquant 108 minutes au dos de la jaquette, ce qui est loin des 2h26 de la version Uncensored, tout de même).
Que voulait-ils dire avec "Version Intégrale"?
La version plus complète de la version coupée, mais toujours censurée ..?
Alors, que raconte les trois segments de ce Chōjin Densetsu Urotsukidōji inaugural ?
Legend of the Chōjin/Opening Theme by Masamichi Amano
https://www.youtube.com/watch?v=0K2_EnYGMZg&list=PL41964CBAB09DA99B&index=1
Eh bien il y est dit que chaque 3000 ans, le Ningenkai (soit le monde des Humains) doit s'unir avec le Makai (le monde des Démons) et le Jūjinkai (celui des Hommes-Animaux) pour la résurrection du Chōjin.
Jyaku Amano doit donc retrouver le Dieu des Dieux qui se cache sous l'apparence d'un Humain pour ainsi consolider l'avenir des 3 mondes.
Mais il n'est pas le seul à rechercher le Chōjin et il va devoir faire face à une légion de Démons menés par Suikakujū, bien décidés à mettre la main sur le Dieu des Dieux et l'empêcher de, changer l'ordre des choses qui vont très bien au peuple du Makai .
Dans sa quête, Amano est accompagné de sa (très frivole) sœur Megumi et de Kuroko, une petite créature grise facétieuse et voyeur à ses heures perdues.
Ils vont ainsi suivre de loin Ozuki (un humain suspecté de cacher le Chōjin en son sein) tout en rencontrant Nagamo, - amoureux transi de la belle Akemi -avant que les Démons ne commencent à attaquer en pleine lumière les jeunes étudiantes de la Myogin University...
Qu'en es t-il de ces 3 segments ?
Well, dès l'entame, le ton est donné avec la voix caverneuse d'un démon qui narre ce qu'est le Chōjin et les 3 mondes où ses congénères forniquent dans les Ténèbres (
on apprendra plus tard que c'était en fait un monde possible dans le futur
) avant de laisser place à la présentation du populaire Ozaki et de son exact opposé Nagumo (qui semble être un obsédé sexuel, très maladroit de surcroît), avant de bifurquer sur la première séquence très dark où Mme Togami
- un professeur à l'apparence trompeuse) emmène la jeune Akemi dans son bureau...avant de la séduire et de la travailler au corps.
C'est alors que Togami se déchire en deux et laisse place à cette immense créature tentaculaire qui va violer l'innocente Akemi, l'assaillant littéralement de toutes parts et révélant le fait qu'elle est un Démon envoyé sur Terre pour tuer le Chōjin .
Amano
lui fera face et la réduira finalement en poussière...
Voilà, du gore et du sexe mêlé et ce, moins de 10 minutes apèrs le début de ce premier segment !
Le Shokushu (pénétrations à l'aide de tentacules libidineuses)animé se répand hors du Japon !
Cachez vos filles et que l'Apocalypse commence !
A la 33ème minute, le Chōjin se fait enfin jour et apparait sous sa première forme en détruisant l'hôpital et ce, dans une séquence dantesque, préfigurant l'Apocalypse à venir !
En même pas un quart de métrage, Chōjin Densetsu Urotsukidōji fait déjà mieux que la totalité de son embarassant remake de 2002, Urotsuski !
Et la fin du 3ème segment déchaine
l'Apocalypse sur Terre où les deux autres mondes s'effondrent, permettant ainsi aux Hommes-Animaux et aux Démons de fouler notre sol. Ceux-ci pourchassent, violent et tuent tout humain se trouvant sur leurs routes avant que le Chōjin/Nagumo ne commence son entreprise de destruction totale, annihilant sans distinctions
Humains, Hommes-Animaux et Démons.
Lorsque survient le climax final, nous apprenons
alors ce qu'est réellement Nagumo via l'apparition du futur enfant de ce dernier et d'Akemi qui explique qu'il y a 3000 ans, chance a été donnée à l'Humanité pour prouver sa valeur mais que comme le véritable Chōjin (soit l'enfant que porte Akemi) a vu ce qu'est devenue la race Humaine, il décide de tout détruire pour reconstruire car après la destruction vient la renaissance, réinitialisant notre monde pour
que les 3 ensembles puissent enfin être à l'équilibre...
Chōjin Densetsu Urotsukidōji pourrait n'être vu que comme un Hentai déviant, violent et complaisant et gratuit.
Mais pourtant, il raconte beaucoup plus pour celui qui verra plus que le gore et les diverses scènes de sexe dispersées dans les 3 segments.
En effet, il y est question du Chojin (donc le Dieu des Dieux)qui tente de conserver un équilibre entre les 3 mondes (celui des Démons représentants la violence primale, celui des Hommes-Animaux la roublardise et le nôtre comme étant pacfique, donc un équilibre fragile) mais celui des Humains y fait forcément défaut car il est déjà la synthèse des 2 autres agrémenté de bonté ponctuelle.
L'on pourrait aussi y voir une critique de la culture Japonaise avec:
- le recours à la vertu Vs la perversité (les couples dans le parc ou les orgies dans les appartements reflétant la sous-culture sexuelle tabou menant ...au Hentail et au Sokushu, justement),
- le respect de l'autorité Vs la violence familiale à l'abri des regards (Niki se faisant dérouiller par son père sous les encouragements vicieux de sa mère),
- le conformisme (le personnage populaire d'Ozaki bien comme il faut, semblant pourtant avoir un net penchant homosexuel lorsqu'il donne un coup de langue lascif sur l'égratignure du visage de Nagumo).
Mais l'on y parle aussi du trauma persistent du double bombardement d'Hiroshima/Nagasaki, (survenu 40 ans plus tôt) avec l'explosion du volcan qui anéantit la ville une onde de choc destructrice et carbonisant instantanément la population sous la chaleur ardente et rappellant fortement l'intensité des bombes nucléaires...
Pas trop mal pour un Hentai, non ?
En résumé, ces 3 segments formant Chōjin Densetsu Urotsukidōji racontent une histoire et un univers cohérents (ce que ne réussira pas les autres séquelles et encore moins le remake de 2002) et même si le charadesign est un poil daté et que le filtre vaporeux des scènes explicites peut sembler paradoxal (l'on y montre des pénétrations mais dans un brouillard et un sous contraste volontaire, (exceptée la séquence où Suikakujū honore très distinctement deux femmes dans les airs par tous les orifices...), le tout tient encore très bien la route.
L'ambiance générale est assez sombre (l'on y traite quand même de la fin du monde que nous connaissons) et l'OST est plutôt réussie, il faut le dire.
End Titles byMasamichi Amano
https://www.youtube.com/watch?v=IaLMImZ5664