En allant voir Us je ne savais pas trop à quoi m'attendre, je n'avais vu qu'une fois la bande annonce qui ne dévoile pas grand chose et j'avais décidé qu'il en serait ainsi. Je voulais rester dans le flou car c'est parfois ce qui est le mieux pour apprécier complètement un film pour la première fois. Apparemment Jordan Peele m'a entendu et a voulu me laisser dans le flou jusqu'au bout...
Ne suis pas le lapin blanc.
Pendant la séance je me suis posé un tas de questions:
"Est-ce qu'on va avoir droit à une explication finale ?"
"Le film est sûrement une métaphore, mais de quoi ?"
"Pourquoi les lapins ? Est-ce que c'est un complot avec Lànthimos ?"
"Pourquoi le public des films d'horreur est toujours composé d'abrutis ?"
Tant de questions auxquelles je n'ai pas les réponses. Mais au fond ça ne m'a pas empêché d'apprécier le film, ça m'a juste donné envie de le revoir mais au calme cette fois.
Je peux pas vous promettre que je vais pas spoiler mais j'essaierai d'essayer.
Mais revenons à nos lapins, je fais parti de ceux qui ont apprécié Get Out et j'avais donc bon espoir que Us soit aussi bien voir meilleur et je crois qu'il l'a surpassé. Jordan Peele a décidément de bonnes idées en stock pour renouveler le genre horrifique, pour Us c'est un film de traque style survival "il n'en restera qu'un à la fin" qui a beaucoup d'originalité, influencé sûrement par Funny Games et Shining entre autres, il nous livre un film d'horreur efficace mais pas seulement. Bon voilà le hic c'est que je crains ne pas avoir tout compris, et je ne sais pas s'il y a vraiment quelque chose à comprendre. Je sens qu'il y'a encore des séquelles du 11 septembre dans tout ça, vu que c'est évoqué sans vraiment l'évoquer.
Il y'a également ce twist qui, même si il n'est pas dingue et qu'on le sent venir, m'a quand même donné envie de revoir très rapidement le film, et pour moi ça signifie qu'il est réussi.
Que dire d'autre à part ça ? La réalisation est excellente, de même que la photographie, pas mal de plans très symétriques m'ont fait logiquement penser à Shining. Un mot sur la musique, elle est bonne dans l'ensemble mais il y'a des petits bémols, il y'a des excellents morceaux des années 80-90 qui n'ont parfois rien à faire dans un moment angoissant. Même si j'ai adoré tous les morceaux je trouve que ça n'était pas approprié et que ça faisait trop baisser la tension.
Rien à dire sur la prestation des acteurs, ils sont tous très bons et bien flippants pour la plupart.
Il y'a un passage qui m'a fait penser à Get Out, lorsque le personnage d'Elisabeth Moss se remaquille avec un air de psychopathe, et c'était plutôt sympa car j'aime beaucoup le passage "Dirty dancing" dans Get Out, pour ceux qui comprendront.
Peut-être que j'ajouterai des choses à ma critique après un futur revisionnage, le film nous laisse avec des questions sans réponses c'est frustrant et en même temps si on devait avoir toujours tout de bien expliqué sans jamais se creuser un peu la tête, ce serait nul.
Je pense qu'on peut trouver pas mal de significations au film, il traite beaucoup de sujets mais je pense qu'il aurait pu aller encore plus au fond des choses, il y'a un rapport entre l'homme et l'animal qui est à creuser à mon humble avis, et sûrement des traumatismes remontant à l'enfance. Bref, je suis sorti mi-content mi-jesuispassûrdecequejeviensdevoir et j'aime cette sensation, j'attends de voir comment le film vieilli dans ma tête et si un deuxième visionnage est bénéfique mais c'est bien parti pour.
Une chose est sûre je ne laisserai jamais un gosse sans surveillance dans une fête foraine et je regarderai les palais des glaces avec un mauvais œil à partir de maintenant.
Ou alors, ou alors ! C'est peut-être un remake délirant de La planète des singes mais avec des lapins...
Après revisionnage du film, dans une salle beaucoup plus calme que la première fois, je ressors avec moins de questions et je commence à mieux cerner le film. Les lectures de critiques sont aussi bénéfiques.
Je pense que les "doubles maléfiques" représentent tous les gens oubliés du système, les pauvres, les exclus, également ceux qui ne mangent pas à leurs faims dans des pays défavorisés, etc... Grosse métaphore d'une Amérique hypocrite avec sa chaîne de solidarité contre la faim qui au final n'aurait rien apporté, avec comme plan final la chaîne des "ombres" qui sont justement sortis de l'ombre pour se rebeller (c'est des gilets jaunes très énervés).
On distingue 3 sortes de famille:
Les américains qui mènent la grande vie, avec la famille de Josh, symbole de la famille ultra consommatrice et pour qui la vie est facile et mâchée, elle se fera d'ailleurs liquider en un quart de seconde.
Il y'a la famille d'américains moyens, représentée par Adélaïde ce sont des gens qui s'en sortent bien dans l'ensemble, ne manquent de rien et en quelque sorte elle porte un masque pour s'afficher toujours sous son meilleur jour (avec notamment le bateau encore un symbole de réussite qui ici est en réalité un pétard mouillé). Ils sont en fait l'entre deux entre richesse et pauvreté.
Et enfin nous avons les pauvres, les exclus, ceux pour qui la vie a toujours été difficile, se nourrissant comme ils peuvent. Ici les lapins servent aussi à montrer la surpopulation de pauvres vu que c'est un animal se reproduisant à outrance, c'est également une référence à Alice au pays des merveilles même si ça serait plutôt l'inverse dans Us.
Je commence à y voir un peu plus clair dans ce film et je le trouve encore plus passionnant, je ne pense pas avoir la solution à tout le film il doit y avoir encore une dizaine de niveaux de lecture, j'ai même pas parlé des miroirs et des reflets alors qu'on ne voit quasiment que ça pendant le film. De même qu'il y'a un rapport homme-animal très fort dans le film, avec tout le monde qui laisse parler un moment donné son côté bestial.
Breeeeeef, cette critique est bien trop longue mais ce film le mérite, il me trotte dans la tête depuis sa sortie et chacun y va de sa théorie c'est super, j'aime qu'il divise autant et son côté atypique, pour sûr qu'il ne plaira pas à tout le monde et j'ai envie de le récompenser avec un point de plus.
Ma note: 9 pommes d'amour tombées dans la sable/10.