Comparaison Gastronomique n°7 : Le Pain Perdu


Jordan Peele, un lien entre passé et futur ?



Jordan Peele en a fasciné plus d'un avec la sortie de Get Out et pour cause, il joue avec les codes de l'horreur en mêlant un style ancien avec un véritable travail sur l'atmosphère, un jeu d'acteur plus exigeant et bien sur une absence quasi total de screamers à un style plus récent, avec des plans larges et des scènes plus contemplatives.
Et cette dualité se retrouve ici dans Us à nouveau : une bande son travaillé, une atmosphère soutenu et un rythme lent pour le début du film.
Mais la ou Jordan Peele arrive à être encore plus bluffant c'est en mélangeant la symbolique et une histoire bien écrite. Déjà avec Get Out critiquant évidemment la xénophobie mais ici avec Us, le concept à été poussé à son paroxysme, c'est ce que je vais expliquer ici à travers cette 7ème comparaison.


Le Pain Perdu :


J'ai choisi le pain perdu pour représenter ce film. C'est une recette assez vieille mais qui revient à la mode, en modifiant légèrement la recette pour la remettre au goût du jour. A la base c'est seulement du pain rassis que l'on trempe dans une préparation à base de lait et d'œufs en rajoutant du sucre par dessus.
Maintenant il est possible de trouver des plats gastronomiques dans les restaurant à base de pain perdu salé, avec du jambon etc.. la préparation étant simple on peut facilement se réapproprier la recette et créer de nouvelles saveurs, de nouvelles choses.
Ceci colle parfaitement au cinéma de Jordan Peele, et à ses intentions avec Us.
Préparons avec lui un film novateur, en se réappropriant une recette basique et ancienne.


Tout d'abord on commence avec une séquence d'introduction dans le pur style des 80's, un parc d'attraction aux couleurs néons fluo criardes qui est rapidement remplacé par une ambiance glauque dans le labyrinthe au miroirs.
Cette scène est rapidement remplacé plus tard par la même scène, en journée sans les néons et de nos jours.
Ce parallèle n'est pas anodin pour moi et retranscrit bien cette volonté de Jordan Peele de rendre hommage à la belle époque de l'horreur.
L'histoire commence d'ailleurs dans un genre qui à dominé les 80's : le slasher. Alors que les doubles maléfiques prennent place dans la maison on se rend compte déjà que Jordan Peele maitrise sa recette en incluant un peu de home invasion, un genre propre au 90's-2000 à celui du slasher.
On voit les réferences au slasher à travers la tenue, la présence de gants, une arme blanche, et un masque pour l'enfant, cachant une cicatrice. Tout ces élements sont représentatifs du genre. Du coté du home invasion on retrouve une formule qui fait penser à Funny Games ( l'original ) : des personnes mal intentionnées se présentes, pénètre dans le domicile et séquestre toute la famille. C'est agréable d'ailleurs de voir un peu de home invasion, un genre qui à du mal à se renouveler, à part avec peut être les American Nightmare.
Là nous retrouvons la base de la recette dès le début du film : le pain rassis dans sa préparation.
Mais là ou Jordan Peele transforme déjà non pas un mais deux genre en même temps, il rajoute aussi la symbolique, que l'on ne trouve quasiment plus dans les films d'horreur de nos jours.
C'est un éléments très important car elles permet de faire passer un message au delà de l'histoire du film. C'est un point que l'on trouve d'ailleurs dans les films d'horreur des années 80 à travers des figures telles que Carpenter et Cronenberg.


La symbolique commencent à pointer le bout de son nez au milieu de toute cette prestidigitation en la personne même de ceux qui incarnent le home invasion et le slasher : les doubles maléfiques. Arrivant comme un " l'enfer c'est nous même ", les doubles dénotent aussi à nouveau l'exigence du jeu d'acteur à travers la mère de famille vraiment bluffante dans son rôle et la fille même si au final celui qui me laisse le souvenir le plus marquant c'est le fils, transformé en sorte de créature à l'esprit dérangé et au tendances pyromanes.


Là Jordan Peele commence lentement à transformer la recette :
Alors que les doubles ont investi la maison les locataires se rebellent et affronte chacun leur part obscur, comme un combat contre soi même il doivent dépasser leur limite, chacun dans leur domaine de prédilection.
à partir de la faire ma critique sans spoil s'avère impossible si vous n'avez pas vu le film regardez le et revenez plus tard sinon vous risquez de vous gâchez tout l'intérêt du film.


Jordan Peele nous livre à partir de là sa symbolique cachée à travers le déroulement du film, qui est vu comme un combat contre soi même.
Tout d'abord ils se battent contre leur coté obscur puis ils les fuient, ils rejettent leur coté obscur et ne l'accepte pas.
A ce moment d'autres doubles iront tuer la famille que l'on voit au début. Pas de lutte ici, ils se font massacrer en un instant. Ici ces personnes ne luttent pas contre leur coté obscur, et on le sait bien, dès le début du film Jordan Peele à montrer une famille humble, les protagonistes, en parallèle avec une famille de bourges un peu pète-sec.
Il est intéressant de voir comment cette famille s'est faite massacrer en un instant, il est possible qu'ici Jordan Peele dénonce le fait qu'ils soit déjà trop obscur pour lutter.
Plus tard on nous apprends qu'il existe un double maléfique de chaque personne, ceci ouvrent la voie à une explication symbolique et universelle du film : l'enfer, c'est nous même.
La file de personne obscures se donnant la main pourrait signifier que c'est seulement lorsque tout le monde aura accepté sa part obscur et sa vérité intérieure que l'on pourra vivre en paix.
La fin du film laisse tout de même un message pessimiste : la mère à été remplacé par son coté obscur, elle s'est fait déborder par ses basses pulsions, on le voit quand vers la fin elle fini par assassiner sauvagement les doubles.
Alors oui nous somme notre pire ennemi, mais la seule façon de les battre, c'est encore de ne pas les combattre, sinon on devient ce double obscur nous même.


C'est ainsi que Jordan Peele nous livre son pain perdu, un message universel sous couvert d'un film à l'ambiance marquée et soignée comme ça se faisant dans les années 80 avec les dénonciation du capitalisme ( invasion Los Angeles ) ou encore de son contrôle des masses ( Vidéodrome ) le tout couronné d'une touche de fraicheur à travers des plans larges à la limite du contemplatif et des visuels travaillés qui sont devenus depuis It Follows une des nouvelles constantes de l'horreur psychologique.
Jordan Peele se dirige de lui même vers un renouveau de l'horreur " intelligente ", de l'horreur avec un message derrière, qui reste en tête et vous fait réfléchir encore des heures après le visionnage tout en imprimant sur vos rétines des scènes glauques et dérangeantes comme le ferait un Hérédité.
Pour moi Jordan Peele est arrivé à s'élever au niveau des grands noms du cinéma d'horreur actuel, il côtoie déjà les têtes d'affiches et risquent de faire une belle concurrence à James Wan.

Spiralis
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le 13 avr. 2019

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