« Us »: Jordan Peele au pays de sa Cinéphilie.

Miroir, Miroir, qui est le plus effrayant ? Eh bien nous-même ! Us, le second film d’horreur de Jordan Peele et là pour nous tendre ce reflet. Après l’impact Get Out, premier film de Jordan Peele aux multiples nominations et récompenses notamment pour meilleur scénario Original en 2018, l’ex-humoriste du duo Key and Peele apparu sur la chaîne Comedy Central revient avec son second long-métrage appartenant au genre horrifique. Nous suivons ici les Wilson, une famille Afro-Américaine se rendant dans leurs maisons de vacances à Santa Cruz afin de profiter du bon soleil Californien, de sa plage et de passer du bon-temps avec leurs amis, jusqu’à ce qu’un soir leurs tranquillités soient perturbées par un événement terrifiant : ils seront la victime de quatre inconnus qui sont en réalité leurs Doppelgänger, leurs doubles maléfiques.
Us est un vrai film de genre, dans le sens où il se nourrit de plusieurs sous-genre, codes et mythes. Il y a d'abord le Home Invasion (un groupe d'individus s'introduit dans un foyer et en trouble la paix), puis la comédie macabre et enfin le survival, mais depuis l’originalité de son scénario précèdent, l’attente face à ce second film c’est encore une fois une originalité certes, une surprise, mais surtout une dénonciation. Le racisme était le sujet de « Get Out »,  et encore une fois, Us poursuit l'allégorie politique jusqu'au bout et tâche de nous montrer la chose la plus terrifiante et dangereuse, nous-même. Ce sont de nouveaux territoires narratifs peu exploités au cinéma surgissant en même temps que les nombreuses tensions sociales et politiques des Etats-Unis. Coïncidence ? Surement pas, et c’est ici un pari réussi pour ce nouveau réalisateur. Us est un miroitement de plusieurs sujets plus élargis et variés que son prédécesseur comme celle de la famille, de la discrimination et de nos automutilations.Il reprend toutefois les mêmes ingrédients, ceux du mystère, du malaise ambiant, sans oublier d'y injecter une forte dose de symbolisme. Le film se gonfle alors de multiples sous-textes. Il fourmille de détails et oblige le spectateur à la réflexion, à aller rassembler lui-même les pièces du puzzle. Aussi ludique que du Kubrick.
En effet, le film est en sans cesse référence directe avec de nombreux piliers du genre horrifique : nous pouvons y retrouver The Shining, Les Dents de la Mer, La Nuit des morts-vivants et bien d’autres. Ce récit de deux heures est un hommage (dont nous ressentons la passion cinéphile de Jordan Peele) pour le genre horrifique. C’est un film rétrospectif du Slasher movie et du style Home Invasion à la Funny Games de Haneke, avec tout autant une ambiance lugubre similaire à Crystal Lake dans Vendredi 13 que de suspens avec la présence du Xénomorphe dans Alien. Mais il est important de préciser que nous ne sommes pas face à un recyclage, mais face à une copie plus innovante, dans sa mise en scène viscérale par exemple, avec des plans écrasant nos personnages, des couleurs sombres, chaudes et claustrophobiques. Bref, Us, au-delà d’être un film à références, c’est une histoire, Un récit trop explicatif et trop abstrait à la fois. Un récit fourre-tout qui, à l'arrivée, manque de précision, mais heureusement, ce n’est que le seul cheveu dans la bonne soupe. Au-delà de ça , les personnages sont les réels noyaux de l’intrigue , il est malencontreusement difficile d’en parler sans trop en dire, toutefois nous en retiendrons le rôle et la performance de Lupita Nyong’o qui, dans la lignée de Ripley et Beatrix Kiddo, enterre le stéréotype de l’homme courageux et salvateur en prenant sa place.

Le film mérite l’attention qu’il détient ( 70 millions de dollars aux USA, le troisième meilleur démarrage pour un film d’horreur) et Jordan Peele est victorieux en sortant de l’ombre de son film précédent, toutefois le réalisateur réussira-t-il à sortir du genre quand il le désirera? Difficile d’y répondre, il est en tout cas pour l’instant dans l’apogée d’un grande carrière cinématographique qui promet un cinéma original et universel dans cet univers de la peur et de l’horreur.