Nuancer, car ce contre-torpilleur américain commandé par un Tom Hanks renouant avec la navigation périlleuse (Capitaine Phillips) et la seconde guerre mondiale (Il faut sauver le soldat Ryan) avait légitimement de quoi inquiéter...


Le réalisateur Aaron Schneider évite-t-il les écueils du patriotisme lourdingue, du tout-numérique navrant de facticité, du récit et de la mise en scène convenus ? ... Bref, parvient-il à ne pas boire la tasse ?



Aye, Aye, Captain !




1/



Certes, Tom Hanks n'aura pas goûté beaucoup d'eau mer pendant le tournage, mais quels effets spéciaux, moussaillons ! … Bluffant...



2/



Avoir opté pour une concentration sur les décisions et les tempêtes-sous-un-crâne de ce capitaine pieu, amoureux et inquiet < c'est pour lui la première mission de ce genre (mener un convoi de bateaux dans une région maritime infestée d'U-boote) >, ce choix, donc, était sacrément casse-gueule...


Seulement voilà, Tom Hanks n'est pas né de la dernière bruine. Il sait y faire. Via un jeu sobre < celui qui sied à l'officier désireux de ne pas entamer le morale de son équipage >, il nous transmet ses angoisses et ses espoirs. On est à tout moment avec lui, que ce soit dans sa cabine ou sur la passerelle...



3/



… et de la passerelle, il y en a, en veux-tu en voilà ! Autre pari risqué du réalisateur, en effet : focaliser la majorité de l'action dans le poste de commandement du destroyer < qui devient une véritable cocotte-minute au fur et à mesure que l'étau des sous-marins ennemis se resserre sur le convoi >. Calé bien au chaud dans notre fauteuil, on frémit et on psychote autant que les hommes vivant le feu de l'action aux côtés de leur chef...



4/



… pari d'autant plus risqué que le langage utilisé pendant une heure et demie est très technique* et que les béotiens que nous sommes ne comprennent strictement rien aux ordres ni aux manœuvres !
Or cette barrière se transforme en trampoline : noyés sous le flot du jargon, des regards anxieux et des alertes permanentes, nous sommes maintenus sous haute tension tout au long du film.



5/



Nul besoin, donc, du point de vue des Allemands < que l'on entend, via leurs sarcasmes démoralisants, plus qu'on ne les voit >.



Guten Morgen, Greyhound. Did you think you had slipped away from this Gray Wolf ? No, you did not. You will not. The sea favors the Gray Wolf on the hunt, not the hound on the run. You and your comrades will die today.




L'appréhension initiale se perd dans les-gouffres-amers de l'Atlantique Nord et Greyhound s'avère être en définitive un film audacieux, captivant, réussi.



*


Il y a bien une petite poignée de moment qui paraissent curieux, d'un point de vue technico-tactique
(comme cette incapacité d'un destroyer, accosté par un U-boot, de ne pas livrer une plus ample puissance de feu), mais, franchement, seuls les spécialistes seront éventuellement chagrinés, parce que...globalement, ça baigne.

yaleker
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le 20 juil. 2020

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