Légère appréhension à l’idée de revoir un film que j'avais bien apprécié, il y a un peu plus de vingt ans.
Avais-je-été capable de discernement ? capable de ne pas me ranger sans aucune réflexion du côté du placide docteur Dandieu (Philippe Noiret) devenu tueur acharné après le massacre de sa femme (Romy Schneider) et de sa fille par des soldats SS ?
Et si le film était simpliste ? s'il instrumentalisait nos vilains penchants ?
Il y avait aussi, me souvenais-je vaguement, ces récurrents flash-back soulignant la douceur de la vie avant la tragédie. Le procédé n'était-il pas un peu grossier ?
J'avais appris par ailleurs entre-temps que la critique était divisée, lors de la sortie du film...
Alors ?
Et bien non, je n'ai pas trouvé que Robert Enrico exploitait nos bas instincts en mettant en scène ce père de famille débonnaire devenu fou de douleur et tenaillé par la vengeance.
Il est d'ailleurs à souligner que cette douleur s'exprime essentiellement à travers la suppression des Allemands : pas de voyeurisme ni de complaisance lors de la découverte du drame (ni après) ; on mesure l'affliction du médecin à travers sa rage à faire méthodiquement la peau aux bourreaux de ses proches assassinés...
La caméra de Robert Enrico virevolte dans les coins et recoins de la vieille demeure, la tension est palpitante, les scènes marquantes. Sans oublier l'excellence du jeu de Romy Schneider et de Philippe Noiret.
Un élément que je n'avais absolument pas oublié au cours de ces deux décennies : la somptueuse et entêtante musique douce amère de François de Roubaix...