Usual suspects fait partie d’une catégorie rare : celle des films à twist qui supportent d’être vus plusieurs fois. C’est même conseillé si vous voulez mon avis. Parce qu’il l’histoire tient indépendamment de la révélation finale, et parce que la construction mythologique du personnage de Keyser Söze (et c’est bien ainsi qu’il est présenté dans le film, entre réactions d’effroi entendues par ceux qui savent et incompréhension des ignorants) apporte la touche qui manque à tant de films pour passer de la case des bons à celle des grands.
Mais Usual suspects c’est avant tout un casting, entre Gabriel Byrne et Kevin Spacey, toujours bons, et des seconds rôles parfaits, du surprenant Stephen Baldwin à Chazz Palminteri en passant par Kobayashi, joué par l’excellent Pete Postlethwaite, tout le monde s’en donne à cœur joie, avec des dialogues bien écrits pour chacun.
C’est aussi une histoire qui se détricote au fur et à mesure, laissant la part belle à l’interprétation du spectateur avant le dénouement, l’embarquant dans une histoire de malfrats engagés pour faire les basses œuvres du croquemitaine de la pègre, en réparation de vols commis à son encontre sans le savoir. C’est une ambiance de film noir réussie, un sentiment d’oppression pour les personnages de Verbal Kint (par le FBI) et de Dean Keaton, par le spectre de Keyser Söze, qui représente une vie passée pour le flic ripoux repenti autant que sa fin inéluctable.
Si on ajoute une photographie de qualité, une bande originale qui l’est également, on obtient un très bon film, qui de plus, même si il n’offre que peu de moments de répits, laisse le temps à la caméra de poser les situations.
Enfin, il y a la satisfaction de laisser au spectateur la liberté de décider de ce qu’il a vu. Rien ne dit que l’histoire racontée par Verbal Kint soit vraie, les événements, pour autant qu’on le sache sont tous inventés, car déroulés au fur et à mesure des questions de l’agent du FBI menant l’interrogatoire. On est presque plus dans le fantasme de ce dernier que dans la description qu’en fait Verbal. Pour toutes ces (bonnes) raisons, c’est un film à voir et à revoir.