Pas la peine de vous présenter l’anthologie V/H/S, première du nom, tant le buzz qui l’a accompagnée a été énorme et le succès au rendez-vous. Magnet Releasing n’a donc pas perdu son temps et c’est moins d’un an après le premier que nous avons le droit à cette suite très attendue, affichant des noms comme ceux de Gareth Evans (The Raid), Jason Eisener (Hobo with a shotgun) ou encore Eduardo Sánchez (Le projet Blair Witch). Malheureusement la précipitation peut amener parfois au pire, ce qu’aura connu Grave Encounters, excellent DV-movie ruiné par une suite très décevante. Est-ce le cas pour ce V/H/S/2 ? Heureusement non, bien que l’on puisse regretter une certaine inégalité d’un segment à l’autre. En réalité, disons-le maintenant, c’est celui des types aux commandes du projet Blair Witch qui se plantent le plus, mais cela on en parlera après avoir décortiqué un par un les sketches.



Le premier, Clinical Trials, signé Adam Wingard, se montre très efficace et use de façon original le style DV. Un type victime d’un accident se retrouve affublé d’une caméra à la place de son oeil blessé. Contrairement aux légendes qui disent que les esprits ne peuvent pas être capturés par des dispositifs photographiques, ici ce nouvel oeil capture tout. D’autres légendes disent que nous sommes constamment entourés d’esprits, que l’on ne peut heureusement pas voir, alors imaginez que soudainement vous puissiez tous les observer, en somme il y a de quoi se taper un méchant train fantôme, ce qu’est évidemment ce segment, où les sursauts s’enchainent presque sans discontinuer, pour notre plus grand bonheur évidemment. Niveau pétoches on peut dire que nous sommes déjà bien mis dans le bain, sans oublier l’inter-segment qui les lie tous entre eux, nommé Tape 49, et signé Simon Barrett.
Le second, A Ride in the Park, signé Eduardo Sánchez, partait d’une idée assez intéressante sur le papier. Un rider s’éclate en forêt avec son VTT tout en ayant une caméra embarquée sur son casque, avant de se faire mordre par un zombie et nous offrir du jamais vu : la — courte — vie d’un zombie en vue subjective. Hélas, paradoxalement à cette immersion qui se voulait « réaliste » (les zombies n’existent pas, ne l’oublions pas), les effets gores sont en totale inadéquation, trop grand guignol pour être honnêtes et surtout faisant pâle figure face à ceux des autres segments. Bref on s’emmerde un peu durant ce passage, malgré un final nous rappelant que les zombies peuvent garder un semblant de conscience (concept qu’avait déjà instauré George Romero avec Le jour des morts-vivants).



Le troisième, quant à lui signé Gareth Evans, réalisateur du trop surestimé The Raid, est sans aucun doute le meilleur, nous faisant suivre une bande de reporters partis enquêter au coeur d’une secte, ainsi que recueillir interviews des divers occupants, dont évidemment le directeur, interprété par Epy Kusnandar, petit bonhomme maigrelet et inquiétant au point d’instaurer dès les premières secondes un climat plus qu’inquiétant. Gareth Evans s’inspire d’Hellraiser, d’Event Horizon, nous faisant embarquer dans un établissement où l’on se sent aussi peu rassuré que dans le vaisseau fantomatique de Paul WS Anderson. Evans ne lâche cependant pas ses cartes trop vite et nous fait nous interroger longuement sur les intentions de cette secte. Puis tout explose dans une furie bestiale et carnassière où le gore n’a aucune limite, renvoyant aux instants les plus cauchemardesques de l’univers de Clive Barker, c’est malsain, glauque, torturé, la raison laisse place à la folie et l’apocalypse de la chaire. La seule chose que l’on pourra reprocher au segment aura été d’avoir un final avec une créature assez mal foutue, mais cela reste purement accessoire. En revanche une chose est sûre, si l’on reprochait à Evans et son The Raid de n’enchainer que séquences gores laborieuses et décousues, il s’illustre bien mieux lorsqu’il touche à l’horreur ésotérique.
Quatrième et dernier segment, Alien Abduction Slumber Party de Jason Eisener, se place quant à lui plutôt bien, avec un humour savamment dosé, couplé à une évolution progressive de l’angoisse. Gamins, ados, jeunes adultes, ils sont réunis durant un week-end où chacun essaie d’élaborer le plan le plus machiavélique pour emmerder les autres. Les mômes réussissent à filmer un couple en train de baiser, ce qui entraine une vengeance où l’un d’eux termine sur K7 alors qu’il se tape une branlette. Amusant, tandis que certaines apparitions viennent subrepticement nous rappeler que quelque chose d’effrayant va se passer. Eisener joue cependant la carte de la sécurité et ne tente rien de particulièrement original, si ce n’est d’user d’une caméra embarquée sur le dos d’un chien. Ça hurle, les effets sonores assourdissants sont légion, tout comme les lumières aveuglantes, ça reste efficace mais guère transcendant, voire aisé et trop répétitif, surtout si l’on y rajoute les aliens, qui par moments sont trop visibles et révèlent la faiblesse des costumes, faisant par moment sourire, ce qui est plutôt dommage.
V/H/S/2 remplit donc son pari et nous comble plutôt bien, même si comme dit plus haut des segments se démarquent clairement des autres. Fantômes, zombies, démons, aliens, il y en a pour tous les goûts, et une nouvelle fois l’accueil critique et public a été très vite positif, ce qui ne laisse presque aucun doute quant à une éventuelle suite, que l’on va évidemment attendre avec beaucoup d’impatience !
SlashersHouse
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le 9 juin 2013

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