Dire que le romancier graphique Alan Moore n'aime pas les adaptations cinématographiques de ses œuvres est un euphémisme, il refuse même d'avoir son nom attitré au générique. Il faut dire qu'avec le non-respect de l'histoire de "From Hell" et le grand n'importe quoi aussi bien visuel que scénaristique de "La Ligue des Gentlemen Extraordinaires", il a de quoi rager...
Et pourtant, quand les frères Wachowski s'emparent de "V pour Vendetta", nous obtenons un résultat inattendu, un film complet, visuellement époustouflant, scénaristiquement fidèle au roman graphique, à l'esthétique magnifique et à l'interprétation majestueuse. Une œuvre rare qui mérite qu'on s'y attarde et qui fait désormais figure dans le domaine du film de science-fiction contemporain au même titre que 1984 ou encore Soleil Vert.
Premier film réalisé par l'ancien assistant-réalisateur James McTeigue, le long-métrage s'avère immédiatement passionnant, porté par un casting judicieusement sélectionné, notamment Natalie Portman en héroïne aussi forte que fragile dans un de ses rôles les plus marquants (surtout pour cette scène où elle se fait raser la tête). On retiendra également les excellents Stephen Rea, John Hurt et surtout Hugo Weaving, arrivant parfaitement à habiter le personnage emblématique de V derrière un masque de Guy Fawkes qu'il n'enlèvera jamais au cours du film.
Empruntant les idées du « Big Brother » de "1984" ou encore cette vengeance organisée du "Comte de Monte-Cristo", V pour Vendetta montre une morale soutenue du début à la fin par les répliques intelligentes de V, et ce ne sont ni les explosions ni les combats épiques qui apportent au film un air de faux-blockbuster qui en changeront sa nature à savoir le symbole de la liberté sous toutes ses formes. Une petite merveille du film de S-F à ne pas négliger...