Attention cette critique contient des spoilers et des moments clefs de l'intrigue et l'itinéraire d'un critique au cœur d'une journée de travail incroyable
7 janvier 2015, 14 h, Paris. Après un match de foot avec des collègues, j'apprends une nouvelle incroyable: Un attentat s'est déroulé au siège de Charlie Hebdo, pas loin de là où je travaille, tuant 12 innocents dont Cabu, un illustrateur dont j'ai apprécié le style. Cette nouvelle était un coup de tonnerre pour tout le monde, les réseaux sociaux s'affolaient et mes collègues d'attelaient à leur besogne tout comme moi. Mais je me suis dis qu'il était grand temps de critiquer un film que j'ai vu plus de 10 fois. Un film tiré d'un comic book d'un des plus géniaux des auteurs contemporains, Alan Moore et l'un des meilleurs films de super-héro tout court. V pour Vendetta.
Dans un monde dystopique, l'Angleterre est dirigé de main de maître par le président Adam Sutler, ayant instauré un régime totalitaire bannissant les plus élémentaires des droits et des libertés. Evey Hammond, serveuse se fait sauver de la milice d'un mystérieux justicier recherché pour terrorisme : V. Ce dernier va lui faire prendre conscience du bien fonder de sa lutte et elle va peu à peu épouser ces idéaux.
Réalisé par James Mc Teigue et scénarisé par les Wachowski (à qui l'on doit la trilogie Matrix, Cloud Atlas et le futur Jupiter : Ascending) et David Lloyd, ce film est un chef d'oeuvre. Il n'y a pas d'autres mots. Il est bon en terme de réalisation, il est bon en terme de mise en scène, il est bon en terme de message, il est bon tout court. On sent que ce sont les Wachowski qui tiennent le film plus que James Mc Teigue car il est très proche de Matrix en terme de réalisation. Les acteurs sont aussi bon dans leur rôle. Que se soit Nathalie Portman qui possède une évolution intéressante (en plus d'être pas mal rasée !), que se soit Hugo Weaving qui nous montre un personnage secret et énigmatique qui même s'il choisit la pire des voies (à savoir le terrorisme), le fait qu'il se bat pour une cause qui vaut là peine de se battre : à savoir la liberté. La liberté de culte, la liberté d'expression, la liberté tout court.
Alan Moore dans son roman graphique mêlait plus d’ambiguïté sur le personnage de V et dans la manière dont il est perçu. Ce film est un peu Civil War dans l'orientation (voir ma critique sur le comic Civil War: http://www.senscritique.com/bd/Civil_War/critique/42234629). Il nous fait plus prendre partis pour le terrorisme, l'anarchie et la vendetta. Ce qui est assez dangereux. Ceci dit, V meurt à la fin du film en même temps que le parlement. Il s'est battu pour la liberté de tous et il meurt son travail fini. Mais la voie qui l'a choisi pour le meilleur et pour le pire l'a conduit à la mort. Mais ce qui est surprenant, c'est qu'il n'agit pas souvent avec ses actes, mais plutôt avec ses mots. Même l'ambiance, c'est plutôt la parole qui est une arme, dans les 2 camps. Et la fin, le plan avec tout les hommes et femmes, vivants et morts qui enlèvent tous en même temps le masque de V, magnifique.
Bref, un excellent film sur le super héroïsme, la lutte contre toutes formes d'atteintes aux libertés d'expressions, qu'elles viennent de l'autorité ou autre. Mais aussi que l'extrémisme, même pour la bonne cause, n'est pas la solution. Notre liberté est un bien précieux que nous devons préserver, mais elle ne doit s'arrêter que lorsque celle de l'autre commence.
7 janvier 2015, 18 h. La nuit tombe sur Paris après cette journée de terreur. Les messages avec l'image "je suis Charlie" pleuvent et cet image est devenu le nouveau meme. J'attends de partir en me demandant quand cela va s'arrêter. Mais je connais la réponse. Jamais. Mais il suffit qu'un ou 2 personnes s'élèvent contre ça pour que le terrorisme recule. Utopique n'est-ce pas ?
A suivre : http://www.senscritique.com/film/Loin_des_hommes/critique/43689018
Version fun de la critique ici