V pour Vendetta est un film très stylisé qui a réussi à faire de la BD culte d'Alan Moore un bon objet cinématographique (que ce dernier a renié et méprisé, comme d'habitude). Derrière le film et le réalisateur James McTeigue, il y a les frères Wachos qui n'avait rien fait depuis Matrix. Natalie Portman (qui se rase la tête exprès pour le film) et Hugo Weaving (dont on ne voit jamais le visage derrière le masque) ne font pas de compromis et se donnent cœurs et âmes à l'adaptation de cette œuvre puissamment anarchiste et délibérément manichéenne. Si bien qu'il devient une des références du cinéma dystopique contemporain, à défaut d'avoir eu une adaptation de 1984 ou du Meilleur des Mondes qui tienne la route. On est pas dans l'excès de violence comme Sin City mais la plupart des personnages dépeints ici ne sont pas recommandables.
Le film vante les mérites du terrorisme contre les dictatures, fait une parenthèse sur deux prisonnières lesbiennes et s'attarde sur la poésie du coran. Quand même, même si le propos féroce et radical d'Alan Moore est inévitablement raboté aux angles, il fallait le faire dans un hollywood post-11 septembre. Après, au-delà de l'histoire en elle-même, l'action est parfois un peu mollassone et on peut clairement remarquer les scènes de combats dirigées par les Wachos qui se démarque clairement du lot. Artistiquement correct sans être folichon, bien que le manichéisme facilement moquable peut en repousser plus d'un, V pour Vendetta vaut surtout pour son propos et son esthétisme : le masque de V a par exemple pris de l'importance récemment dans les mouvements sociaux des indignés et des Anonymous. Ou quand le cinéma influence la culture populaire...