Jane, une quadragénaire célibataire américaine, décide de passer quelques jours de vacances à Venise qu'elle découvre. Accompagnée de son caméscope pour immortaliser ces moments, elle va peu à peu tomber sous le charme d'un antiquaire italien...
David Lean signe là son dernier film anglais avant son départ pour Hollywood qui le verra marquer à jamais l'histoire du cinéma avec des œuvres comme Lawrence d'Arabie. Cela fait une dizaine d'années et neuf films qu'il réalise en solitaire avant de se lancer dans Vacances à Venise, où il fait appel à Katharine Hepburn. Il nous immerge au cœur d'une magnifique et romantique Venise et dresse le portrait de cette femme solitaire qui voit la vie défiler et la solitude peu à peu l'envahir.
Si Lean m'a emporté dans un tourbillon d'émotion avec des films comme Brève Rencontre ou Docteur Jivago, ce n'est pas vraiment le cas ici et il peine à vraiment faire ressortir toute l'émotion de son récit et des personnages, surtout Jane. C'est dommage car il arrive tout de même à donner une dimension romantique et mélancolique à son oeuvre, sublimant un Venise très carte postale que l'on découvre à ses côtés. On ressent à travers le personnage d'Hepburn cette sensation du temps qui passe et qu'il faut prendre sa vie en main pendant qu'il en est encore temps. Il garde ici un côté intimiste que l'on retrouve dans ses œuvres anglaises, tout en sobriété et justesse.
C'est ce qui ressort aussi de sa mise en scène, manquant parfois d'émotions mais d'une justesse incroyable. Le film est lent, mais ce rythme est adéquat et ne se fait pas ressentir tant il arrive à dégager une vraie atmosphère de Venise. La photographie en couleur est assez belle et permet de mieux nous immerger au cœur de la ville Italienne. Par contre, je suis déçu par la prestation de Katharine Hepburn (et c'est très rare) qui manque de sobriété et en fait un peu trop (toute proportion gardée, elle garde une présence incroyable), contrairement à un excellent Rossano Brazzi.
Un Lean mineur, manquant notamment d'émotion mais qui n'empêche pas le réalisateur britannique de bien sonder l'âme et la fragilité de son personnage, le tout dans un magnifique Venise. Peu de temps après, il s'envolera pour Hollywood où il y régnera pendant une décennie.