Moana 2 constitue l’exemple prototypique du téléfilm d’animation que Disney mettait en chantier et écoulait sur le marché de la VHS et du DVD il y a quelques années – avant que sa plateforme n’en devienne l’interface privilégié –, disposant de toutes les limites et de tous les défauts de ce genre de productions réalisées à moindres coûts et, surtout, non destinées à la salle de cinéma. Et en dépit d’un gonflement de l’image numérique, d’une exacerbation des contrastes dans l’espoir que le spectateur trouve l’ensemble joli, cette suite de l’aventurière de l’Océanie ne vaut guère mieux que ses confrères : le scénario recycle le cliché de la quête des ancêtres à mi-chemin entre le ralliement des peuples d’Avatar (James Cameron, 2009 puis 2022) et les énigmes du second volet Atlantis, Milo’s Return (Victor Cook, Toby Shelton et Tad Stones, 2003) ; les nouveaux personnages n’ont d’intérêt que de créer une sensation fugace de loufoquerie aussitôt exposée aussitôt balayée par un goût pour le spectaculaire qui rend chaque scène plus importante encore que la précédente. Cette écriture en acmé s’avère être un trompe-l’œil, un emballage épique soucieux d’occuper les yeux et les oreilles alors même que la prétention d’aller « au-delà des limites connues » demeure de l’ordre de l’intention : nous demeurons dans la zone de confort du divertissement familial lambda, et ce ne sont pas les fantômes violacés des ancêtres guidant Moana qui apporteront un tant soit peu de magie ici, ni d’ailleurs les chansons originales, tout aussi spectrales.