Suis sortie de la salle toute groggy, et même pas assez consternée pour me répandre en blâmes.
En fait c'était juste un long spectacle du puy du fou de 2 heures. Avec les mêmes poncifs, les mêmes arcs narratifs dispensables résolus en un clignement, les mêmes mièvreries, et personnages archétypaux sans profondeur. Heureusement, pour le film on nous aura épargné l'accent british ridicule de la violoniste. Mais que font toutes ces pétasses à cheveux ondulés ? Je les mélange.
On n'est pas ici pour voir un film, il commence d'ailleurs sur un florilège d'historiens parlant pour ne pas dire grand chose, personne pour analyser des raisons du soulèvements, on apprend juste qu'apparemment "ça s'est fait tout seul", et ne vous rassurez pas, le film n'aidera pas à en savoir beaucoup plus.
Oui, il met en scène la levée en masse, ok, mais ce film si enclin à la sur-explication perpétuelle échoue absolument à mettre en scène les affects fondamentaux des vendéens qui ont pris les armes. Pourquoi sont-ils si réticents à servir la patrie ? Ok ils ont faim, mais comment expliquer qu'aujourd'hui ce manque d'ardeur patriotique soit plutôt acclamée que réprouvée par cette droite puyfolaise, d'habitude fort friande de héros nationaux pleins d'abnégation. Les frontières de cette République-là ne méritent donc pas le sang du peuple ? Moi je m'en fous, mais je note l'asymétrie, et il s'agirait de l'expliquer. Une vague tentative est faite, lors de la scène de conscription, un curé jureur est interpelé, quelqu'un réclame qu'on lui rende son curé, mais parmi le brouhaha il faut capter.
Je plaide coupable, malgré ses ficelles, j'ai apprécié Le Dernier Panache comme spectacle. Il me semble que certaines approximations et manques de subtilité sont plus tolérables sur scène. J'ai peut-être tort.
Remarque, la durée du métrage joue aussi sur la lourdeur, parce que là il faut tenir deux heures et trois années pleines de conflit, pas les seules 30 minutes du Parc. Donc à chaque rebondissement on nous ressert la même soupe, les violons quand des gens dont tu te fous meurent parce que "signal signal sois ému", on recycle même les images, juré, et même quand c'est pas recyclé on a toujours les mêmes pagus qui courent avec leurs fourches en criant, Hugo Becker en fond nous expliquant ce que le film peine tant à nous peindre efficacement. Le temps passe mais nos héros restent propres comme au premier jour, quelle veine. On a aussi le droit à une fan fic sur Louis XVII, c'est d'un kitch.
En tous cas, c'est super dur, t'es au cinéma, donc difficile de ne pas émettre un jugement esthétique, sauf que le film n'est pas là pour ça et te le fait comprendre. Il n'a rien à proposer à ce niveau, quelques images voulues emblématiques, un clip de 15 minutes aurait suffi à les compiler. C'est horriblement fade. Le reste du temps il t'abrutit avec sa voix off, te balance des enfilades de punch line stériles en guise de dialogues, et tente de te voler frissons ou émotions à coup de musique épique.
Je crois que le plus intolérable dans toute cette aventure, reste la réaction du public déjà acquis. "Oui mais franchement c'est bien vu les conditions".
Mais ça marche pas comme ça l'art les mecs ???? Les bons points c'est aux enfants que ça se distribue. Devant les gribouillages d'un gosse, on peut s'attendrir. Un adulte qui pond un truc sans intérêt, ça reste un truc sans intérêt.
Puis faut arrêter de crier au tour de force au sujet des 3 millions de budget, Dumont a fait sa Jeanne avec moins de 2. Quand t'as pas le budge pour un Gladiator, tu t'adaptes, tu revois tes ambitions, tu choisis un autre angle que la prise de vue grandiloquente.
Quand ton ambition c'est produire de l'art ... mais faut croire qu'ici, l'ambition est autre.