Une histoire de premières? Oui et non. Une première pour moi car c'est ma première critique. Une première aussi, car c'est le premier film du Puy du Fou, peu de temps après que je sois allé sur le site en Vendée. Je suis bien en retard donc ...Mais est ce bien à l'essentiel? Je ne crois pas. Contrairement à bien des critiques, telles celles de Libé avec une "une " assurément destinée à en faire la promotion au moyen d'un titre qui révèle avoir cédé à une facile mais compréhensible tentation, je ne me perdrai pas dans les débats consistant à savoir si 200 000 morts lors des guerres révolutionnaires, c'est un génocide ou pas. Le 1er août 1793, un décret de la Convention a bien ordonné la destruction de la Vendée.
Nous sommes sur un site de cinéphiles? Alors parlons cinéma. Comme le montrent les témoignages des historiens et les post scriptums, le film est en hommage aux populations tuées lors des guerres de Vendée. Ce film indique où il veut aller et on retrouve là la facture documentaire du projet initial. Pas d'entourloupe là dessus. Du côté révolutionnaire comme du côté des populations vendéennes, on voit que l'opportunité du conflit pose question. Il n'est pas toujours une évidence. Et c'est ce qui fait que le vrai personnage, c'est moins Charette que la guerre en elle même. La guerre de Vendée? D'abord des concours de circonstances: un recrutement via tirage au sort qui se passe mal et tout s'emballe comme en une irrésistible tragédie. Mais les metteurs en scène en ont ils eu conscience? Pas si sûr.
Car le tournage du film accorde beaucoup de place aux héros principaux: on admire le sillon de la lumière sur les visages tourmentés, sur les barbes jamais bien rasés, sur les fronts soucieux ou paniqués. On est là dans les embuscades du côté des Vendéens avant que les Bleus ne passent dans les chemins creux. On partage leur boue et leur paille, leurs vins et leurs flammes. On est avec les officiers républicains qui sont partagés entre désir d'en finir, sens de l'honneur et manoeuvres pacificatrices. On ne voit pas les balles passer mais on les ressent dans notre chair. La guerre a tout pris. Si donc le film accorde beaucoup de place aux héros principaux c'est comme fêtus de paille broyés par la guerre.
Mais à la différence de films comme le Colonel Chabert où malgré la bataille d'Eylau, grandiose et glaçante, les héros ont de l'épaisseur pour survivre à la tragédie, Vaincre ou Mourir laisse peu de place pour qu'une véritable dramaturgie s'installe, monte en puissance et laisse les héros affronter ou refuser leur destin. Les défis ne durent jamais très longtemps dans le film. Charette refuse-t-il de diriger l'armée spontanée? En deux minutes, c'est réglé. Charette hésite-il à signer l'accord de cessez le feu? En trente secondes, c'est réglé. C'est donc tout à l'honneur des acteurs d'avoir su exister dans ce film malgré un scénario qui ne les aide pas. Il y a heureusement la caméra. Et avec quel panache! Boue ou clair obscur, bocage ou flammes, qui peut dire qu'on n'y est pas?