Un Valentin qui n'est pas sain...
Pascal Thomas poursuit depuis quelques décennies son petit bonhomme de chemin cinématographique qui semble sans concession aux modes et courants et avec un style qui lui est bien personnel. Il cultive chez le spectateur un capital sympathie dans ses belles réussites (« Les maris, les femmes, les amants », « Les zozos », « Le dilettante »…) ou les ratés (« L’heure zéro », « Celles qu’on n’a pas eues »…). Il se fait le chantre de la classe moyenne qu’il écorne gentiment, avec un flegme, ambiance so bristish (la Thomas’s touch), qui confère soit un charme certain, soit de l’agacement. « Valentin, Valentin » est un medley des deux. On s’amuse beaucoup à suivre les péripéties de ce tombeur (à son insu), véritable objet de toutes les convoitises d’une gent féminine à la limite de la prédation ! Et les portraits de femmes sont savoureux… entre la maitresse nympho (Gillain commence enfin à ressembler à une actrice !), l’amoureuse transie (magnifique Marilou Berry), la femme de ménage en rut (Christine Citti) ou encore la vieille alcoolique, seule, tellement seule (formidable Géraldine Chaplin !). Les acteurs sont tout aussi excellents. Rottiers montre à quel point il peut incarner tous les rôles, est ici confondant, quant à François Morel… il y a bien longtemps que l’on ne s’étonne plus de sa justesse de son jeu. Bien évidemment le film repose sur les acteurs, l’intrigue suffirait à elle seule à faire fuir un amateur de polar de gare. Mais Pascal Thomas s’en fout. Il place l’intérêt du spectateur ailleurs, dans de petits moments de grâce qui font sourire ou simplement séduisent. Le film sur le même registre que la chanson dédiée à Valentin, est lancinant, parfois maladroit, mais sa petite musique reste en tête, comme un petit plaisir fugace et acidulé.