Critiquer le dernier (film de) Luc Besson relève de l'impossible sans parler du personnage.


Alors qui est Luc Besson ce réalisateur français plutôt détesté par ses compatriotes ?


Beaucoup s'accordent à dire, moi également, que son dernier bon film était Le Cinquième Element. Casting de rêve, budget maîtrisé, un réalisateur bien entouré et inspiré, Besson signait là un excellent film d'action.
Ensuite ce n'est qu'une succession de films porteurs de pognons, des scénarios qui se ressemblent et dont la parade est très justement parodiée dans une vidéo de Mozinor.



Parler de Besson sans parler de production ?



Pourtant Europacorp, société de production de Luc Besson, a produit des films plutôt étonnants, moins bankable tels que Dikkenek (oui sur la papier c'est pas très vendeur hein) ou un western réalisé par Tommy Lee Jones, Trois enterrements. Ils sont certes rares mais existent.
La position de Besson est complexe, à la fois il a bien saisi que le nerf de la guerre reste toujours l'argent. On pourrait supputer que faire des films qui engrangent de l'argent lui permettrait ensuite de faire des œuvres coûteuses mais plus risquées.


Valerian et la Cité des Mille Planètes adaptation d'une BD française des 70's dont il me tarde d'en lire a coûtée 200 000 000 €. C'est le film français le plus cher précédant Asterix et les JO (que je ne suis pas pressé de voir) et... Le 5eme Element.
Avec Valerian Besson entretient une sorte de confit "amour haine" avec le CNC. En effet le réalisateur et producteur dispose de son propre studio situé en France ainsi qu'une école gratuite avec concours et sans but lucratif. Il a menacé de tourner le film en Hongrie ce qui ne produirait pas d'emplois en France si le CNC ne lui accordait pas le crédit d'impôt. Il en a obtenu une dérogation, prouvant encore le pouvoir de l'argent. Ceci dit je pense qu'on pouvait lui donner raison et pour faire une analogie avec mon plat pays.



Analogie avec la Belgique



La culture en Belgique est une compétence qui relève des communautés. Nous avons en Belgique la Communauté française (qui se nomme aujourd'hui la Fédération Wallonie-Bruxelles) et la Communauté flamande ainsi que la Communauté germanophone qui est très minoritaire.


On aperçoit une dualité entre les deux. La communauté française est du genre à mettre en valeur le même cinéma fiction pompeux qui n'attire plus trop de public et dont on gonfle les chiffres en y intégrant les projections en France. On aura que des films dont on suppose que les critiques apprécieront on a droit à la même recette des frères Daerdenne et en dehors de cas particuliers comme eux tout le reste ne sera la plupart du temps qu'un échec commercial total. Le CCA (l'équivalent du CNA en Belgique francophone) s'est rendu compte lors de son bilan de 2016 que les séries TV fonctionnent (sic). Du côté des Flamands on produit beaucoup de films et séries qui rapportent pas mal d'argent. Avec cela on crée de l'emploi et on peut se permettre de faire des œuvres à risque APRES et pas avant.



Critique du film



SCENARIO


Mais donc où sont passés ces 200 millions d'euros ? Est-ce qu'on a affaire à une prise de risque créative ? Non, loin de là.


Le scénario est classique, déjà vu plein de fois. Ce qui sauve le tout c'est qu'on se demande si telle idée viendrait de la BD. Mon plus gros exemple est l'excellent jeu-vidéo qu'est Mass Effect dont Valerian semble avoir repris l'idée des costumes (qui était le résultat d'un concours organisé par Besson) et pas mal de conception notamment sur l'Alliance et la Citadelle. Essayez le jeu de Bioware, il vaut le coup.
Dans Valérian on a droit à un méchant connard ringard contre des gentils qui sont ultra cool.


Les personnages de Valerian sont mal présentés, on a énormément d'apparitions inutiles d'un point de vue scénaristique mais qui auraient pu beaucoup apporter. Ainsi on peut y voir Alain Chabat qui reste à peine 3min, Rihanna qui joue un alien multimorphe, Bubble, dont on a juste le temps de voir une danse et qui disparaît dans un élan de chagrin comme si on connaissait le personnage alors qu'on a pas du temps eu le temps d'y accrocher. On a aussi droit à l'excellent Rutger Hauer (The Hitcher, le réplicant dans Blade Runner) pour 3 secondes.


La musique n'est pas transcendante, pourtant ça démarrait bien avec un petit Bowie, bien mais un rien cliché, c'était Space Oddity. Le reste de la composition est oubliable.



Et pourtant



Et pourtant j'ai passé un bon moment gratuit à cette avant-première. A la fois heureux car je m'attendais à pire et déçu car l'univers si riche est si mal exploité. J'ai lu que Besson avait visionné des documentaires animaliers pour faire le détail et la richesse de la faune du film en combinant des idées. Pourtant ça ne se transmet pas trop, le film d'une durée de deux heures porte trop sur ses épaules et se perd dans son environnement si vaste, c'est dommage !


AH et je vous conseille la critique de In the Panda :


Ici

cinewater
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films découverts en 2017

Créée

le 30 juil. 2017

Critique lue 343 fois

5 j'aime

Ciné Water

Écrit par

Critique lue 343 fois

5

D'autres avis sur Valérian et la Cité des mille planètes

Valérian et la Cité des mille planètes
guyness
3

Les gens vils, selon Saint Luc

Traverser les galaxies, réunir 1000 planètes pour découvrir que tous les aliens de la création ont l'humour de Luc Besson... Foncer droit vers les étoiles, et tomber sur la cité d’Emile pas net...

le 6 déc. 2017

79 j'aime

32

Du même critique

Les Chiens de paille
cinewater
9

Critique de Les Chiens de paille par Ciné Water

Adorateurs des films d'actions avec un héros surhumain à la Bruce Willis et consorts, adorateurs des films où on ne vous laisse aucune liberté de penser. "Si on te gifle la joue droite, file lui une...

le 11 juin 2012

37 j'aime

11

La Nuit du chasseur
cinewater
9

Nuit où je parle de ma vie et de montage

La Nuit du chasseur est un film que j'ai découvert par hasard quand je trainais dans la bibliothèque-médiathèque de ma petite ville natale, en Belgique, j'avais 17 ans. Ce film j'en suis directement...

le 1 mars 2012

35 j'aime

13

La Règle du jeu
cinewater
4

Les bourgeois, c'est comme les cochons, plus ça devient vieux plus ça devient...

Cher Jean Renoir, Nous avons passé d'agréables moments ensemble et je m'en souviens comme si c'était hier. C'est donc avec beaucoup de peine, et comprenez bien que je le regrette, que je viens à vous...

le 28 déc. 2011

32 j'aime

57