Il est vraiment dommage de voir à quel point ce film est aussi affligeant.
Et pour cause : Besson étant l'un des rares réalisateurs de l'hexagone à réussir à financer un film de cet envergure, d'avoir la volonté de présenter un projet qui était l'une des sources d'inspiration de la saga prolifique et cultissime qu'est Star Wars et d'avoir une ambition visuelle peut-être du niveau d'Avatar.
Malheureusement, toutes ces jolies intentions ne sont valables que sur le papier.
Au final, le spectateur se retrouve projeté dans un univers futuriste dans lequel rien ne lui est jamais expliqué. Rien n'apparaît comme réellement cohérent ou justifié : Valérian disparaît ? Allons nous foutre une méduse sur la tête pour le retrouver. On sait pas comment faire avancer l'intrigue ? Mettons un trio comique d’ornithorynques qui ont constamment réponse à tout sans raison...
Si la narration n'est qu'un prétexte à la visite de cet univers et n'a pas la prétention de vouloir être plus intelligente qu'elle ne l'est, elle garde la prétention de vouloir fournir du spectacle sans JAMAIS y parvenir. Les situations n'étant pas préparées, les personnages connaissant leurs univers sans jamais nous le faire partager, tout apparaît comme une excuse pour faire avancer cette histoire déplorable (et quelle histoire d'ailleurs...Qui pointe enfin le bout de son nez au bout d'une heure de film) qui n'est même pas digne d'un Transformers ou Independance Day, qui eux, ont au moins un univers cohérent.
Mais l'un des constats les plus affligeants du film reste sa pauvreté et sa laideur visuelle. Si Avatar avait démontré il y a déjà presque dix ans toute la richesse d'un monde totalement numérique, Valérian lui, nous montre probablement l'inverse : le monde de Mul, censé être un véritable paradis n'est au final qu'une vaste étendue de sable tout juste similaire à une destination de vacances.
Et que dire de son bestiaire où un Hellboy faisait preuve d'ingéniosité pour montrer des monstres variés visuellement que sur leurs intentions ? Tout juste humanoïdes ou jamais très éloigné d'une représentation humaine, le tout paraît déjà daté et évoque non sans mal son 5ème Element, qui avait au moins la qualité d'être visuellement réussi pour son époque, il y a 20 ans.
Et si seulement on pouvait s'arrêter là... Parce que outre la monstruosité visuelle et narrative, la pire erreur du film reste son casting. Si le 5eme Element avait au moins pour lui , le charisme d'un Bruce Willis en pleine gloire, Dane Dehaan, lui, ne parvient jamais à insuffler ne serait-ce qu'un peu d'émotions, de classe ou même d'âme dans son rôle. Il a constamment l'air en dehors de ce que son personnage vit. Et même les quelques grands acteurs présents (à savoir Clive Owen ou Ethan Hawke) cabotinnent tellement outrageusement qu'on aurait du mal à croire qu'ils ont été payés pour jouer ça. Reste Cara Delavingne, la seule à parvenir (à peu près) à s'en sortir. Le problème c'est que son rôle est particulièrement mal dirigée, comme si Besson ne savait pas comment parler d'une femme indépendante, forte et moderne ( il n'y a qu'à voir la passivité du jeu de Scarlett Johansson au fur et à mesure qu'elle prend conscience qu'elle n'est plus ce petit être fragile). Mais l'actrice parvient largement à donner de la prestance à son personnage (honteusement retiré du titre du film par ailleurs).
En résumé, une oeuvre bien trop comparable au 5eme Element mais sans Bruce Willis et avec 20 ans de retard. Le ridicule du film n'a de limite que sa prétention de vouloir être un divertissement de qualité sans jamais y parvenir ne serait-ce que 10 minutes.
Un tel gâchis est d'autant plus dommageable lorsqu'on sait qu'il s'agit du premier blockbuster français.
Aura t-on un jour la chance de voir un film à aussi gros budget français mais avec un tant soit peu de qualité ? J'en doute. Merci Besson.