Je dois l'avouer, je partage un peu cet espèce de rapport "amour/haine" envers Luc Besson que semble partager l'ensemble de la presse. Je dirais que jusqu'à "Jeanne d'Arc" (inclus), j'étais plutôt «Ouais !!!» ; et qu'après, c'est plutôt passé à «Mouais…» Mais je ne suis pas vraiment le mieux placé non plus puisque je n'ai pas tout vu de cette période, "The Lady" et "Malavita" notamment ; mais "Lucy" m'avais clairement laissé sur ma faim avec un scénario bâclé qui partait pourtant d'un pitch excellent.
En ce qui nous concerne ici, je ne pourrais malheureusement pas réellement comparer ce "Valérian" à la bande dessinée d'origine par Mézières et Christin qui m'est totalement inconnue (à mon grand regret peut-être…) ; et je ne reviendrais pas sur le budget du film déjà trop largement surmédiatisé. Mon avis ne se portera donc que sur le film et son auteur.
La première chose qui peut être dite est la suivante : Ça a de la gueule ! Les univers dépeints et les créatures qui vont avec sont dans l'ensemble vraiment très bien représentés et c'est une joie pour les yeux tout le long du film. Le gros bémol de ce point positif est la race de créatures directement en cause dans l'intrigue : les Pearls. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'ils sont ratés mais il y a quelque chose de gênant et de pas naturel chez eux. De plus, autant dans leur apparence, leur façon d'être et leur démarche, ils ont beaucoup de similitude avec les Naavi du film "Avatar". Rien de trop grave malgré tout et il y a dans cette espèce beaucoup de bonnes idées.
Après l'introduction du film, on suit une scène «normale» dans la vie des agents Valérian et Laureline. Cette séquence fait preuve d'une écriture et d'une mise en scène magistrale. On fait connaissance des deux héros, de leurs fonctions et des codes de cet univers particulier avec une grande efficacité et un grand sens du rythme et de l'humour cher au réalisateur. Ce qui nous fait malheureusement tomber de haut quand, par la suite, on se rend compte de la grande faiblesse du scénario. Beaucoup de personnages autres que nos deux héros sonnent creux, voire même sont stéréotypés ; beaucoup de dialogues sont très plat et le conflit final n'est pas du tout naturel, prévisible et artificiel. La grosse erreur de Besson dans cette histoire a été de masquer la véritable nature de la "menace", ce qui entraîne un manque cruel d'enjeux ; et pour un film qui se veut aussi épique, ça ne pardonne pas.
Durant la même période, la mise en scène passe à un classicisme convenu qui assure la narration sans émerveiller le spectateur, ce qui est un comble avec un univers aussi grandiose. Cependant le film est bien rythmé malgré une tendance à la répétition, mais le propos se veut hésitant et confus.
On ne peut pas reprocher à Besson de vouloir faire un blockbuster différent, qui se veut un film de Besson. Le réalisateur nous offre un univers grandiose qui vient servir une histoire assez simple ; mais dans sa hâte de vouloir nous montrer cet univers, Besson ne fais que passer dessus et il y a trop de choses dans ce film qui ne sont qu'esquissées. Le scénario manque de force et l'absence d'enjeux à la hauteur des ambitions du film est une grave erreur. Malgré tout le film est très agréable et divertissant. Mêlant action, aventure et humour comme il sait si bien le faire, Besson nous livre un film qui est une pépite en devenir, qui aurait largement mérité un travail prolongé sur l'écriture. Cependant, il fallait que ce film soit fait, afin de prouver que ce genre n'a plus à se cacher en France. Espérons que d'autre suivrons, qui auront retenus des erreurs de celui-ci.
Dommage, mais à voir quand même.
PS : Carton rouge pour la voix française de Cara Delevigne qui est absolument immonde, au milieu d'un doublage global plus que potable.