Tout dans ce film est volontairement décalé, ambigu et troublant.
Guillaume Nicloux crée la confusion entre les personnages et leurs acteurs. Gérard et Depardieu, Isabelle et Huppert se ressemblent jusque dans leurs histoires personnelles et publiques, dans leurs interrogations, leurs attitudes dans la vie de tous les jours (le comportement de Gérard face au fan américain qu'il ne peut s'empêcher de ridiculiser même après avoir fait amende honorable). Pourtant tout est décalé: Huppert et Depardieu n'ont jamais vécu ni eut d'enfants ensemble.
Séparés depuis longtemps, Isabelle et Gérard se retrouvent après le suicide de leur fils à son invitation posthume. Les interrogations, les culpabilités, les espoirs, les regrets convoquent le fantastique ou le fantasme en troisième personnage de ce face à face. Le cadre est la vallée de la mort, un désert. Autour des deux personnages, rien n'existe, pas même les importuns qui tentent de s'inviter dans l'histoire. Autour des questions de ce couple, le monde est vide.
Gérard Depardieu et Isabelle Huppert, les deux grands du cinéma français actuel, remplissent ce vide par leur charisme. Guillaume Nicloux ne donne pas les clefs de son histoire, nous laissant volontairement dans l'incertitude.
Un film qui vaut par la puissance combinée de ses acteurs et personnages, mais dont l'ambition semble un peu vaine.