Valse avec Bachir, animation semi-documentaire traite de la mémoire de combattants ayant servi au Liban. Plus particulièrement d’un combattant, Ari, qui 20 ans plus tard commence à reconstituer ce qui s’est passé à Beyrouth.
Dès le début, le ton est donné, on a affaire à une animation particulière, sombre et jaunâtre. 26 chiens galopent, la gueule enragée à travers la ville sur une musique énergique. Puis c’est l’atmosphère brumeuse d’un bar, affiches de jazz placardées sur les murs et deux bonhommes qui discutent du fameux cauchemar de l’un, mal rasés. Dans ce cauchemar est contée l’histoire d’un homme auquel on a donné l’ordre d’abattre froidement 26 chiens parce qu’il n’avait pas la folie nécessaire pour mettre en joue des animaux de son espèce.
C’est alors qu’Ari tente de se remémorer ses actes de guerres, que ce soit des moments de culpabilité lorsque la mort que repend le soldat touche l'innocence du pauvre citoyen ou des moments de terreur lorsque comme puni par les cieux, le soldat se retrouve seul sur une vaste étendue, vulnérable, à la merci des terroristes. Et c’est à ce moment-là que la dimension critique de l’œuvre apparait :
En effet, le militaire est présenté comme une simple machine à tuer appliquant sur le champ les ordres de son supérieur, canardant à tout va en ne connaissant la plupart du temps même pas sa cible.
La bande son est bonne et ponctue bien l’étude psychologique du tueur qui rentre dans le champ de caméra de ce qu’il voyait auparavant dans les films, en tant qu’acteur de véritables massacres. Une étude psychologique qui se concentre d’ailleurs beaucoup sur la mémoire et sur la faculté inconsciente de l’homme de créer de toute pièce ses propres souvenirs.
La scène de la valse est extrêmement réussie, aussi bien sur la forme que dans le fond et offre un aperçu bref de la bêtise des conflits meurtriers qu’a connu et que connait encore le monde aujourd’hui.