Quelle est cette douce odeur qui émane de Vampire Academy ? Est-ce l’arôme nauséabond de la merde, comme le laisse présager la pléthore de mauvaises notes qui ont déferlé sur ce film?
Étonnamment, non. Pas cette fois, pas pour moi. Ici, la senteur est tout autre : je hume un parfum de vice, un délicieux effluve de péché mignon. Mes narines tressautent sous l’exhalaison de ce chef d’œuvre nanardesque. Car oui, Baudelaire disait « Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or », et c’est ce que j’ai fait avec Vampire Academy; c’est ce que je fais avec chacun de mes Plaisirs Coupables. J’en fais mes Fleurs du Mal, des fleurs dorées qui poussent dans mon cœur à partir d’un amas de boue.
[Oui, tu l’as compris, je suis poète. Tu peux m’appeler « Baudelaire, L’Héritage »… ou m’appeler tout court au 0635627561 –seulement si t’es bonne, sinon te dérange pas stpm]
Mes Plaisirs Coupables, je ne fais pas que les assumer. Je les assimile, je les absorbe, je m’évertue à expliquer à la galaxie pourquoi leur visionnage est un plaisir qui contrebalance à 1000% la culpabilité. Et crois-moi que pour avoir poussé le vice jusqu’à les voir encore et encore, je mesure pleinement l’étendue de cette douce torture, de cette folie douce.
Avec Vampire Academy, c’est une belle putain de Fleur du Mal que j’ai cultivée. Une Rose, si tu veux tout savoir. D’ailleurs, c’est le nom du personnage principal –Rose. Alors ok, ce film est un condensé d’Harry Potter, Twilight et de bien d’autres teen prods encore. Ok, certains acteurs concourent pour les Razzies. Mais svp peut-on prendre 5min pour apprécier le fait que :
1) Pour une fois à Hollywood, notre héroïne n’est pas une damzelle en détresse mal dans sa peau (bonjour Twilight, salut 50 Shades of Grey) ; Rose, c’est une ravissante petite salope qui carbure à 200kL de confiance en elle par seconde… et c’est koul de ne pas s’infliger pendant 1h30 les jérémiades de Madame je-suis-douce-et-vulnérable-et-inconsciente-de-mon-charme. Notre Rose à nous, c’est pas le genre à pleurer devant le Titanic qui coule (RIP Jack) ; notre Rose à nous, elle est là pour buter du Strigoi.
2) Eh, surprise ! Pas de triangle amoureux dans ce film (rebonjour Twilight, cc Hunger Games, Les Ames Vagabondes, The Mortal Instruments, Vampire Diaries…) Là, on a juste un débilos du lycée, un roux qui se fait friendzoner mais qui le prend avec le smile, et surtout, un prof russe badass avec une queue de cheval. Tout un concept.
3) Rose n’est pas le Nombril du monde comme c’est le cas dans 99% des intrigues hollywoodiennes ; Rose, elle est juste le bras droit de Lisa, qui pour le coup est la vraie Miss Nombril du film, celle autour de qui toute l’intrigue converge.
4) Vampire Academy a de l’autodérision. Et ça, c’est l’ingrédient mystère qui donne à ce film tout son charme. Parce qu’il assume de passer derrière des poignées d’autres sagas adolescentes. Parce qu’il le revendique, et qu’il le prend avec humour. Typiquement, notre Rose sort à son amie Lisa des répliques du genre « Des fois on agit en jeunes filles frivoles, et d’autres fois je risque ma vie pour te protéger d’une race de vampires diaboliques ». Ça met en évidence l’absurdité du phénomène, c’est assez génial. Du coup, toutes les critiques qu’on pourrait attribuer à ce film sont désamorcées par son ton volontairement décalé.
A noter que le réal, Mark Waters nous avait déjà régalé de Lolita Malgré Moi ou Freaky Friday. Donc voilà, je voulais le remercier pour le point d’honneur qu’il met à réalimenter régulièrement mon stock de Plaisirs Coupables.
Mark, merci. Mark, tu es formidable. Merci pour ces séances de rire, Mark, merci pour cette poésie improbable. Merci d’être le fleuriste officieux qui me réapprovisionne en Fleurs du Mal. <3 Oh, hi Mark!