Vampire hunter D : Bloodlust (à partir de maintenant on va dire "VHDB") n’est pas tout récent, il date de 2001, et pourtant en l’espace de quelques jours, deux personnes qui ne se connaissent pas me l’ont conseillé. Ce film-ci spécifiquement. Je ne connaissais Vampire hunter D que de nom, vaguement, mais à la base c’est une série de romans, qui a été adaptée déjà en un premier long-métrage, un manga, et un jeu vidéo.
Je ne savais pas trop dans quoi je me lançais, mais j’ai bien voulu me fier uniquement à ces recommandations.
Dans un futur où les vampires règnent, il existe désormais des chasseurs de prime dont la spécialité est d’éliminer les créatures de la nuit. Parmi eux, D, mi-vampire mi-humain (un lien avec Blade ? le personnage est né dans les comics Marvel une décennie avant D). Il est engagé cette fois pour retrouver une fille enlevée par un vampire, et des concurrents sont sur le coup : un groupe armé de gadgets, qui se déplace à bord d’une véhicule blindé.
Le scénario est correct, il comporte quelques bonnes idées, mais n’a rien de particulièrement mémorable. Pratiquement toute l’intrigue consiste à combattre des ennemis, sur la piste d’une captive, jusqu’à ce qu’on arrive à un certain twist qui était tout à fait attendu.
Les protagonistes sont peu creusés, en particulier le héros, ironiquement, qui n’est pas tant un personnage que l’incarnation d’un archétype à l’imagerie lourdingue : vengeur ténébreux et mystérieux, tout de noir vêtu, traînant une immense cape qui vole au vent.
On trouve pourtant de jolies esquisses de relations entre les personnages, j’ai même été un peu touché par la relation impossible entre cette humaine et le vampire qu’elle aime, mais cela grâce à la mise en scène du film et non son écriture.
On découvre l’univers au fur et à mesure, et il a des aspects originaux, notamment le fait que les vampires ont des pouvoirs spécifiques : l’un se déplace parmi les ombres, une autre se fond dans chaque matière qu’elle touche, …
Mais ce à quoi on assiste soulève régulièrement des interrogations qui restent sans réponse.
Peut-être VHDB s’adresse-t-il à un public déjà familier avec le personnage ? J’avais l’impression qu’il s’agissait d’une nouvelle adaptation, et non d’une suite ; d’ailleurs d’après ce que j’ai pu lire, l’ajout de Bloodlust au titre n’a été décidé qu’au dernier moment, pour distinguer ce film du précédent.
Quoiqu’il en soit, le héros ne nous est pas vraiment présenté ; il semble avoir une sacrée réputation en tant que chasseur, mais il aurait peut-être fallu ouvrir le film avec un aperçu de ses talents, car si on excepte les dires de personnages secondaires, on n’a pas de quoi se rendre compte par soi-même de ce dont D est capable. D’ailleurs, on ne voit pas en quoi il est plus doué que ses rivaux ; le fait qu’il soit à moitié vampire semble devoir lui octroyer certains pouvoirs… mais on ne sait pas de quoi il s’agit.
On découvre aussi en cours de route qu’il a un visage dans la main gauche, qui est vraisemblablement une entité séparée… mais on ne sait pas qui c’est, pourquoi c’est là, etc.
Et pourquoi donc est-ce qu'il y a des raies manta géantes qui volent dans le désert ?!
L’écriture est vraiment le point faible du film… tandis que tout justifie largement le visionnage.
La musique impérieuse crée une ambiance imposante, alliée à des bruitages très travaillés et immersifs.
Et d’un point de vue graphique, VHDB est absolument sublime. Chaque plan ressemble à une peinture soigneusement composée, riche en détails, aux couleurs savamment choisies et agencées.
La qualité de l’animation est tout aussi impressionnante, elle fait preuve d’une maîtrise parfaite du rythme et de la durée. Les mouvements sont totalement fluides, et la physique est d’un réalisme étonnant. J’ai été bluffé rien que par un sac de pièces qu’on balance sur une table : à la façon dont c’est animé, on sent les pièces se mouvoir à l’intérieur de la bourse.
De plus, la mise en scène regorge d’idées ; tout est fait pour que le film soit impeccable visuellement.
Ma seule déception concerne les combats, qui s’achèvent toujours très rapidement, et sans présenter de réelle difficulté pour les adversaires. Je ne sais si c’était parce que ça aurait été trop compliqué à animer, mais le fait est qu’il n’y a pratiquement aucune chorégraphie digne de ce nom ; l’affrontement final se résume plus ou moins à un long moment où les armes des deux ennemis restent bloquées l’une contre l’autre.
Je pense que le fait que Vampire Hunter D : Bloodlust soit un film d’animation aide à accepter les faiblesses du scénario, en faveur d’un travail plus conséquent sur l’aspect graphique. On s’en prend plein les yeux, et c’est finalement une raison suffisante pour voir le film.