Etrangement, il aura fallu attendre la fin des années 90 pour qu'un maître de l'horreur comme John Carpenter ne s'intéresse au sujet le plus populaire du folklore fantastique, à savoir le vampirisme. Après deux commandes peu follichones, le revoilà donc aux manettes d'une série B plus modeste, moins sujette aux impératifs commerciaux.
En grand fan de Howard Hawks, Carpenter aborde son sujet comme un véritable western, filmant le sable et le désert comme personne, créant dès les premières minutes une ambiance putride et poussiéreuse, shootant son film comme s'il était toujours prisonnier des 80's, son "Vampires" lorgnant furieusement vers des bandes comme "Near dark" ou "Génération perdue".
Carpenter envisage donc son film comme un road-movie sanglant et badass à travers le Nouveau-Mexique, prenant un malin plaisir à rendre aux suceurs de sang leur aspect bestial et sans pitié, donnant lieu à quelques envolées gores du plus bel effet, grâce aux superbes maquillages de KNB. Le cinéaste respecte le mythe tout en y apportant sa petite touche personnelle, tente de le moderniser sans en trahir totalement les codes.
Dommage alors que le film finisse par tourner en rond au bout d'une heure, le script ne sachant pas trop où aller d'autant que le budget visiblement modeste a tendance a le clouer sur place, en témoigne quelques ellipses assez maladroites. On se consolera donc avec la mise en scène toujours impeccable de Carpenter et son ambiance délicieusement westernienne, ainsi qu'avec le duo James Woods / Daniel Baldwin, attachant et carrément émouvant sur la fin, compensant la face d'endive de Thomas Ian Griffiths, ridicule en prince des ténèbres peu marquant.