Ce qu'on fait dans l'ombre

En adaptant leur court-métrage éponyme de 2005, Taika Waititi et Jemaine Clement explorent le mythe vampirique et pondent un faux-documentaire hilarant où sont filmés quatre colocataires vampires et leur intégration dans la vie moderne. Le concept du mockumentary n'a rien d'original (voir C'est arrivé près de chez vous, Spinal Tap ou Borat pour s'en convaincre) mais les deux trublions parviennent à mettre en scène un délire de bout en bout hilarant, maîtrisé et finalement original dans son traitement, les mœurs des vampires étant ici intelligemment présentés...

Aussi s'esclaffera-t-on devant des idées géniales comme les entrées en nightclubs difficiles lorsque l'on n'est pas invité, le concept des esclaves humains souhaitant devenir des vampires, la découverte d'Internet et des portables ou encore l'animosité envers les loups-garous, leurs principaux rivaux, à travers une rencontre nocturne inoubliable, des moments inventifs et hilarants qui ne sont que d'infimes passages composant le long-métrage. Fortement inspirés des Monty Python et de Polanski, Waititi et Clement dépoussièrent pourtant la comédie du genre grâce à une écriture inventive et décalée, dévoilant clairement le potentiel humoristique des néo-zélandais.

Les personnages, tous aussi différents qu'indissociables, crèvent l'écran à chacune de leur apparition, que ce soit Viago le dandy romantique et maniaque (Taika Waititi), Vladislav le bourrin (Jemaine Clement) ou Deacon le dépravé blagueur à ses heures (Jonny Brugh). Des gamins centenaires incapable de rattraper l'autre. Ainsi, entre des effets spéciaux discrets mais efficaces, un humour typiquement british, des références multiples et un savoir-faire indéniable, What We Do in the Shadows est une réussite totale, un produit instantanément culte donnant lieu à une série éponyme, toujours chapeautée par Clement et Waititi.

À noter une VF signée Nicolas et Bruno (La Personne aux deux personnes, Le Grand Méchant Loup) travaillée mais sonnant hélas faux. On recommandera donc la V.O., plus naturelle et réaliste.