A l’instar de [REC] avec son émission Pendant que vous dormez, What We Do in the Shadows présente un docu-réalité sur ce que font les vampires pendant la nuit.


On a beau avoir lu une multitude de Stoker ou de Rice, vu des Murnau, Fisher ou encore Coppola, et même, s’être aventuré dans la folie Twilight, on ne sait pas ce que fait réellement un vampire de ses nuits.
Pour tenter de satisfaire notre curiosité, une équipe de télévision néo-zélandaise, après s’être équipée d’eau bénite, de crucifix et de pieux, s’aventure dans une colocation partagée par quatre vampires, nous montrant au quotidien, la vie des vampires et leur place dans la société actuelle.
Nous côtoyons donc Viago, un vampire de 379 ans, sorte de dandy poli et très sympathique, Vladislav 862 années au compteur, un vieux de la vieille aux allures et réactions plutôt archaïques, Deacon le jeunot avec ses 183 ans seulement, qui est assez immature et enfin, l’aîné de tous, Petyr, 8000 ans qui dort dans sa cave et a des difficultés à communiquer.
Ces quatre colocataires tentent de mener leur vie paisiblement, mais entre leurs envies de sang frais et celle de rejoindre les soirées prisées de leur ville, ceux-ci ont bien du mal à nouer des relations avec les autres. Jusqu’à ce que Nick soit vampirisé et chamboule les habitudes de tous…


Les télé-réalités fleurissent et leur nombre ne cesse de s’accroître. What We Do in the Shadows nous présente ici une sorte de Confessions intimes où aucun fan indélicat de Johnny Hallyday n’intervient, mais où quatre sympathiques vampires s’illustrent. Ces derniers nous emmènent donc dans le monde de la nuit qui malgré leur statut de « créatures de la nuit » peinent à trouver leur place. Tour à tour, nos trois vampires (Petyr ne parle pas et reste enfermé dans sa cave tout le temps) vont se confier à la caméra et dire ce qu’ils pensent de leur vie et de leurs colocataires. A côté de ça, l’équipe de tournage les suit partout et tout le temps, révélant donc comment ils arrivent à trouver de la nourriture, comment leur colocation fonctionne, quels sont les liens qui les unissent et surtout qui sont ces vampires.


Le trio est charismatique, chacun correspondant à un cliché du vampire, ils ont tous une personnalité distincte et plaisante. Même s’ils représentent un cliché (le « poétique », le bad boy, celui à qui on ne la fait pas…), leur développement ne s’arrête pas là, puisque ce cliché est là pour alimenter les caractères de chacun sans les enfermer dans cette seule caractéristique. Sans compter que les trois vampires ont du charisme à revendre parce qu’ils sont brillamment interprétés. Même s’ils sont tous les trois très différents, ils se complètent et leurs relations et mécanismes font que tous leurs échanges sont fluides. Leurs qualités, défauts, mais aussi mimiques et façon d’être ont été intelligemment étudiés, permettant de donner de la crédibilité et d’interpréter des personnages hilarants qui sortent des sentiers battus. Effectivement, bien loin de vouloir bâcler le travail, les créateurs se permettent, grâce aux clichés plus que connus sur les vampires, d’aller plus loin en apportant un côté un peu gore auquel s’ajoute l’humour, que l’on a guère l’habitude de trouver dans un film sur ces créatures.


Comme dans toute télé-réalité, on rit. Parfois malgré les personnages, parfois non. Dans ce film, c’est un peu pareil : chaque situation, fait ou geste, nous permet de rire. Les habitudes des vampires sont toutes reprises pour en faire quelque chose d’absolument drôle. On voit notamment les vampires dans un savoureux face-à-face avec une bande de loups-garous, dans une soirée avec des morts vivants ou encore chez eux, en train de recruter des personnes pour qu’ils leur servent de nourriture. Tout comme dans les télé-réalités aussi, on a droit à des scènes de prises de têtes (la répartition des tâches ménagères est synonyme de pétages de câbles), des scènes mélodramatiques… Sauf que là encore, c’est délicieusement drôle. Les situations s’enchaînent sans pour autant donner l’impression d’être envoyées bout à bout et le résultat est juste terrible.


Comme dit plus haut, chaque vampire correspondant à un cliché bien connu, on retrouve aisément dans What We Do in the Shadows de nombreuses références, notamment cinématographiques. Pour la forme du film, on pense directement au Projet Blair Witch puisque l’équipe de télévision suit caméra au poing nos joyeuses créatures. Pour le fond, on a un peu l’impression d’être dans Entretien avec un vampire, le drame en moins, la comédie en plus. Et je ne peux pas m’empêcher de parler de Shaun of the dead puisque l’œuvre est directement inscrite chez les comédies horrifiques. Cependant, je tiens à dire que l’horreur est vraiment éludée. Certes, il y a du sang, mais il n’y a aucune violence. Ce film est avant tout une comédie, donc si vous cherchez du vampire pour alimenter vos envies d’épouvante-horreur, passez votre chemin, ce n’est pas pour vous.
On retrouve même l’ami des vampires, celui qui n’est que mortel mais que personne n’a envie de manger. Ici, cet ami c’est Stu, et il permet lui aussi, d’alimenter le côté comique du film. En effet, son comportement change tout au long du film et il est appréciable de voir comment sont les quatre vampires à son égard. Quant à Nick, le « nouveau », il exaspère la bande puisqu’il crie sur tous les toits qu’il est désormais immortel, ce qui va leur attirer pas mal d’ennuis, comme la rencontre avec un chasseur de vampires. Ce personnage entraîne encore plus d’engueulades, et c’est tout bonnement génial.


C’est donc une chouette parodie sur les vampires qui nous est offerte ici : des personnages bien travaillés et interprétés, de l’humour qui fait toujours mouche, des clichés repris et réutilisés… J’ajoute aussi que les décors et aussi les costumes sont superbes. Chaque vampire correspondant à une époque différente, leurs relations, mais aussi leurs vêtements s’en ressentent, augmentant le choc des cultures.


Evidemment, le film n’a pas (encore ?) bénéficié de sorties en salles, et donc cette œuvre est fort méconnue. En tout cas, pour moi ce fut une belle découverte et un joli coup de cœur.

Szagad
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2015 et Mes films de 2015

Créée

le 12 avr. 2015

Critique lue 525 fois

6 j'aime

2 commentaires

Szagad

Écrit par

Critique lue 525 fois

6
2

D'autres avis sur Vampires en toute intimité

Vampires en toute intimité
Gand-Alf
8

De l'autre côté du cercueil.

Finalement, le quotidien d'un vampire en ce début de vingt-et-unième siècle ne diffère pas totalement de celui du premier branleur venu. Les principales activités de ces deux espèces consistant à...

le 4 août 2016

47 j'aime

2

Vampires en toute intimité
amjj88
9

Restez jusqu'à la fin !

ALERTE SALUBRITÉ INTELLECTUELLE: NE REGARDEZ-PAS CET EXCELLENT FILM EN VERSION FRANÇAISE ! Cette critique a été réalisée sur la VO Ça faisait longtemps que je n'avais pas autant rigolé, toutes...

le 25 janv. 2015

38 j'aime

5

Vampires en toute intimité
Stomp
8

Critique de Vampires en toute intimité par Stomp

Bon je fais la critique 4 mois après mais il n'est jamais trop tard. J'ai eu l'occasion de voir ce film lors du festival du film européen du film fantastique de Strasbourg, film répertorié dans la...

le 4 janv. 2015

24 j'aime

Du même critique

Room
Szagad
9

Cœur de Brie

Je parle un peu de ma vie, attendez-vous à tout connaître de moi dans les moindres détails (ou à déguerpir). Brie Larson ? Ça fait pas mal d'années que je trouve cette nana vraiment chouette,...

le 1 mars 2016

37 j'aime

10

Brooklyn Nine-Nine
Szagad
9

Szagad loves 99

Il y a un an, quand un ami m’a parlé de Brooklyn Nine-Nine, j’ai été conquise par le pitch et surtout par sa phrase suivante : « je n’ai jamais ri devant une série, sauf celle-ci ». Il ne m’en...

le 9 juil. 2017

33 j'aime

2

Pyramide
Szagad
1

Pire amide

Merci de m’applaudir pour ce jeu de mots des plus drôles. Je voudrais vous parler de Pyramide de Grégory Levasseur. Le type c’est un grand pote d’Alexandre Aja, il a été scénariste et producteur de...

le 5 mai 2015

30 j'aime

9