Dreyer réalise l'un des plus grands films fantastiques du cinéma. Il utlise les ombres comme des projections d'un monde parallèle, tantôt elles sont réalistes (le meurtre au fusil), tantôt surréalistes (dédoublement du garde chasse). Le tout est beigné dans une image assez floue, voilée comme pour accentuer l'effet de rêve (ou de cauchemar). A ce propos, il y a des acteurs non professionnels pour rendre le jeu bizarre. Les scènes sont mémorables : celle où la vieille femme "vampirise" la soeur rapelle le tableau "Le Cauchemar" de Fussli, la scène dans l'usine avec les multiples ombres, ou encore la plus fameuse celle où il se voit enterré et on a sa vision à travers le cercueil. Bien plus rythmé que le Nosferatu de Murnau (bien qu'ils soient différents malgré le même thème), Vampyr reste un chef d'oeuvre fantastique, que l'on peut voir comme un cauchemar. Petit bémol : dommage que l'effet floue de la photo ne nous permet pas d'apprécier plus l'esthétique des plans.