Vampyr, ou l'étrange aventure de David Gray par Vazkeizh
Vampyr est le film onirique par excellence. Un cotonneux voyage dans les pas de David Gray, qui s'en vient d'on ne sait où, accoste comme s'il venait de traverser l'Achéron, et s'égare dans un lieu inconnu. Les personnages font leur entrée sans prévenir, se distinguent par leur étrangeté avant même de se présenter, puis disparaissent. Certains ne sont là que le temps d'une image et d'un frisson, d'autres ne sont que des ombres qui dansent contre un mur ou de mystérieux reflets dans l'eau, d'autres enfin matérialisent l'archétype manichéen de la lutte du Bien contre le Mal qui va se jouer. David Gray marche vers les brumes, le rêve s'épaissit.
Vampyr est le film poétique par excellence. Les images floues et imprécises (dues à une lumière qui s'était involontairement invitée dans l'objectif de la caméra, glorieux hasard) servent le propos étrange et malsain avec une beauté toute mystique. L'intrigue somme toute plutôt simple s'agrémente constamment d'éléments perturbateurs, d'images créant le malaise, de visages choisis et filmés méticuleusement, pour que chaque plan tienne du réjouissement visuel à lui seul.
Vampyr est le film vampirique par excellence. Avec le Nosferatu de Murnau et le Dracula de Browning, il répertorie la quasi-exhaustivité des éléments qui seront repris dans une multitude de films par la suite, n'atteignant ce niveau de qualité que dans des cas extrêmement rares. 80 années plus tard, il est toujours autant d'actualité.